Modélisation 3D
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Merci à Cathy TRITSCHLER, de l’association Patrimoine des Abers, pour son modèle.
La chapelle sur des cartes postales anciennes
L'intérieur avant restauration (2012)
Le contexte de sa construction
En 1640, la Basse Bretagne est une fois de plus ravagée par la peste ou une épidémie virulente que l’on désigne à l’époque par ce terme.
Jusqu’alors il était de coutume d’enterrer les morts dans l’église paroissiale avec les conséquences sanitaires que l’on peut imaginer, particulièrement en période d’épidémie. Plusieurs édits royaux ont été inefficaces à l’interdire tant il était important d’être enseveli dans la « maison de dieu ». On ouvrit donc peu à peu autour des églises des cimetières ou enclos paroissiaux.
En période d’infection fortement contagieuse, on souhaita éloigner davantage de l’église les dépouilles des victimes. Ollivier de Bellingant, seigneur de Kerbabu , offrit au recteur de la paroisse un terrain situé entre le bourg et son manoir pour y ensevelir les victimes de l’épidémie. Détail significatif, ce recteur était Goulven L’Hostis, fils de métayers du seigneur de Kerbabu qui avait veillé à son éducation. Recteur, il continua à habiter la ferme avec ses parents.
Le 12 août 1640, toute la paroisse processionne vers la chapelle de Trobirou pour y implorer la Vierge. Au retour, la procession s’arrête pour bénir ce terrain, futur lieu de sépulture des pestiférés.
A la fin de l’épidémie, on décida d’y construire une chapelle en l’honneur de Saint Sébastien, qui avait été invoqué contre la peste.
Elle fut longtemps, l’une des deux seules chapelles paroissiales avec la Chapelle de Trobirou. Elle est devenue propriété communale en1905.
Repères histotriques
Le 8 février 1641, les travaux commencèrent sous la surveillance de Jean Léon cultivateur à Tréfily. L’architecte est Yves Roudaut, le maçon Jean Le Lae et le couvreur Olivier Léon. Si peu de temps après les inhumations, il fallut vaincre la peur de la contamination des ouvriers et des hommes requis pour les corvées.
En 1643, on put apposer sur la façade le chronogramme toujours présent :
INS MA SEBASTIEN 1643
Le 7 avril 1644, le Recteur l’Hostis bénit la fin des travaux.
Le 29 septembre 1697, 45 ans plus tard, on bénit la première cloche prénommée Catherine-Elisabeth. Elle a pour marraine demoiselle Catherine-Elisabeth De Bellingant et pour parrain messire Jean François Toussaint de Kerouartz, fils ainé de la Motte.
En 1785 intervient une première restauration.
La révolution suspend l’exercice du culte dans la chapelle qui reprendra qu’en 1802.
Nous disposons par le mémoire de maîtrise de Jacques Roué de quelques informations sur les restaurations suivantes :
En 1808, il aurait été procédé à la réparation de fenêtres et de vitrages, de l’autel et de l’enclos, à celle des clefs et des serrures.
En 1819, il s’agirait d’avantage de peintures intérieures. C’est aussi à cette date que des matériaux provenant de la chapelle de Trobirou, tombée en ruine au moment de la révolution, auraient été utilisés. C’est un point de vue contredit par les recherches menées en 2019 en vue d’une nouvelle restauration. Les réemplois semblent limités et semblent concerner surtout le mur d’enclos et le socle de la croix de mission qui porte la date de 1819.
En 1829, les archives communales font état de l’adjudication de travaux de rénovation des lambris, des boiseries d’autel, de l’autel à la romaine[1] et de travaux d’accompagnement.
En 1841, une nouvelle cloche est fondue en remplacement de la précédente. Elle porte l’inscription : J’ai été faite en Août 1841; j’ai été nommée Jeanne-Yvonne par Yves Le Hir et Jeanne Pellen . Elle porte une croix côté route et une vierge de l’autre coté. Elle serait due à Viel Alphonse, fondeur à Brest.
En 1869, une enquête diocésaine indique que Saint-Sébastien reste la seule chapelle de la paroisse de Lannilis[2]. Il y est aussi noté que ses pierres sacrées et ses ornements liturgiques son en bon état.
En 1876, est livré l’autel réalisé par les Ateliers François Daoulas de Quimper.
En 1905, la chapelle cesse d’être propriété paroissiale pour devenir communale.
* L’autel à la romaine est isolé dans le cœur, contrairement au maitre-autel.
Son architecture
Il s’agit d’une chapelle sur plan rectangulaire. Sa façade visible de la rue est percée d’une belle porte renaissance, surmontée d’une niche portant un Saint Sébastien. Elle est terminée par un clocher ouvert sur fût carré à un niveau de cloches. Elle est construite en beaux moellons de granit local, souvent un leuco-granite de Kernilis.
Dès l’abord, on se rend compte de la remarquable facture de la Chapelle Saint Sébastien. Elle lui vaut parfois d’être comparée à la Chapelle du Château de Kerouartz. On a clairement cherché le raffinement, même au prix d’une entorse à une tradition pourtant bien établie : l’autel ne regarde pas au levant mais au contraire à l’ouest.
Ce fait qui a peu attiré l’attention, étonnait Jo Bervas, de la Poterie, personnage curieux et érudit, aujourd’hui disparu. Il n’a pas échappé aux auteurs de l’étude architecturale de 2019 que nous paraphrasons ici :
A une époque où les chapelles de manoirs étaient de plans rectangulaires avec entrées latérales, la composition architecturale de Saint-Sébastien tranche par une entrée principale placée sur ce pignon Est. On a volontairement cherché à créer un effet architectural qui distingue immédiatement l’édifice.
L’architecture développe un vocabulaire classique et homogène : baies principales marquées de frontons, voutures en berceau, tours secondaires traitées en oculi. Seule l’entrée sud vient rompre la symétrie.
Cette harmonie stylistique générale est encore renforcée par les piles d’entrée de l’enclos dont les couronnements reprennent ceux du clocheton.
Les architectes remarquent aussi que ces piles « reprennent des motifs visibles également à la chapelle de Trobirou ».
Le mobilier
On trouve, autour du chœur
Devant la barrière de communion ;
- sur le mur de gauche, la statue de Saint-Eloi, patron des forgerons, en bois polychrome et doré, probablement du XVIIIème siècle
- sur le mur de droite, la statue Saint Isidore en « Bagou Bras », en bois polychrome et doré probablement du XIXème siècle.
Dans le chœur lui-même :
- au centre un autel de style néo-gothique, du type de ceux qui se vendaient sur catalogue dans la seconde moitié du XIXème siècle. Il porte sur le coté droit, une inscription gravée :
F. DAOULAS A QUIMPER. 1876.
Il est exactement contemporain de la construction de l’église paroissiale. Il s’agirait même, selon un bon connaisseur de la paroisse, d’une adaptation pour cette chapelle d’un autel fabriqué pour cette église ;
- au dessus, est accroché au mur un Christ en croix de près de 2 mètre en bois polychrome , de belle facture, probablement du XIXème siècle ;
- à sa gauche, un Saint Sébastien en bois, probablement du XVIIIème siècle avec sa polychromie d’origine ;
- à sa droite une Vierge à l’enfant, de la même époque, aussi en bois avec sa polychromie d’origine.
Ces quatre statues sont, depuis 1986, inscrites à l’’inventaire des monuments historiques.
Du coté nord, près de la petite porte latérale, on trouve aussi, posé au sol un petit moulage en plâtre peint de Jésus exposant son Cœur.
Les enduits muraux de la nef et du chœur présentent des éléments de décor peint qui semblent dater du XIXème siècle.
La statuaire
Saint-Sébastien aujourd'hui
La chapelle Saint-Sébastien est en cours de restauration et les dons auprès de la Fondation du Patrimoine seront bienvenus pour achever les travaux.
Chaque année depuis 2005, elle est, le départ du Pardon de Notre Dame de Trobirou , célébré le dimanche le plus proche du 15 août. C’est là que se forme la procession avec les bannières de la paroisse, pour aller à Trobirou célébrer la messe du Pardon.
Chaque année aussi, pendant la période estivale, la chapelle accueille un exposition des peintures et des broderies de nombreux artistes locaux organisée conjointement par « Sauvegarde du Patrimoine » et « A la croisée des Abers ».
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