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Site archéologique d’Iliz-Koz

Nécropole médiévale d’Iliz-Coz Saint-Michel 29880 Plouguerneau - Situer

Horaires d’ouverture :

Fermé de novembre 2023 à janvier 2024. À partir de février 2024, ouvert les dimanches et lundis de 14h30 à 17h pendant les vacances scolaires, toutes zones confondues.

Du 15 juin au 15 septembre : tous les jours de 14h30 à 18h30.

Possibilité de visite pour les groupes en dehors de ces périodes d’ouvertures. Réservation auprès de l’Office de Tourisme 02 98 04 70 93.

Tarifs :

Adulte 5 €, gratuit moins de 10 ans.

Parking gratuit devant le site.

Auteurs

Office de tourisme du Pays des Abers
Le Pays des Abers va vous étonner sûrement, vous charmer nous l’espérons, vous conquérir sans doute, par la diversité de ses paysages. Une sortie en…

ILIZ KOZ TREMENEC'H

Plouguerneau a absorbée au cours de la Révolution le territoire de la petite paroisse de Tremenec’h. L’église paroissiale de Tremenec’h se trouvait dans l’endroit désigné sous le nom de Tremenec’h-Vras, à deux kilomètres environ nord-ouest du bourg de Plouguerneau. Il y a là un chemin dénommé Straed an Iliz Koz. Dédié à la Trinité, l’édifice avait la forme d’un cercueil et était donc sans transept. (Henri Perennes)

 

L’ENCLOS ENSABLE D’ILIZ KOZ, NECROPOLE TÉMOIN

Iliz Koz Tremenac’h : une dune inculte, pâture pour le bétail, sécherie à goémon ; quelques vestiges de murs, de longs filets de sable blanc emplissant les chemins creux au premier souffle de vent. Et, sommeillant dans la mémoire du peuple, le souvenir des premiers immigrants créant les paroisses bretonnes. Tremenec’h, le village des moines.

Tremenec’h, prononcé Tremenac’h, une antique paroisse sur la côte nord du Léon, entre le Pays Pagan à l’est et le Pays d’Ac’h à l’ouest. Ici est encore bien présent le souvenir de Michel Le Nobletz, le père des Missions Bretonnes, vivant une année d’ermitage, entre 1607-1608, non loin sur la dune.

Les noms de lieux signalent encore la présence de l’enclos de Tremenec’h : Iliz Koz (La vieille église), Park ar C’halvar (Le champ du calvaire), Stread an Iliz (Le chemin de l’église). Et puis, l’histoire enfouie, la légende surgit des sables et se nourrit des sables : les trois soleils qui se lèvent le jour du Pardon, les trois larrons faisant baptiser un chat par le recteur aveugle, la malédiction, le raz de marée submergeant la paroisse…

Le bulldozer de Casimir Talec ne s’embarrasse pas de légendes. En 1969 il fait resurgir le concret : des murs, des pierres tombales. L’enclos réapparaît, l’église sauvée des sables, la chapelle des seigneurs de Parscau, le presbytère, le cimetière. Surtout le cimetière : près de cent dalles funéraires qui se bousculent dans l’enclos, envahissent l’église. La plus ancienne a peut-être mille ans ! Tombes de chevaliers, d’écuyers, gendarmes, prêtres, marchands, artisans, marins…Navigateur qui jette ici même l’ancre de sa caravelle, en son dernier port.

L’historien enlevant le sable, compulsant les archives, reconstitue le drame de cette paroisse. La pierre taillée cache encore son âge. XIV siècle ? Débuts imprécis. Et puis vinrent les sables. Débuts imprécis aussi. Deuxième moitié du XVI siècle, probablement, lors d’une petite régression marine.

Iliz Koz fut abandonnée en 1729 ; le culte transféré en la chapelle de La Martyre. En 1792, Tremenec’h fut annexée à Plouguerneau. « Iliz Koz, l’oubli s’étend. Disparue dans le vent des sables, noyée dans le silence feutré des cités interdites, devenue dune aride péniblement travaillée par les hommes ».

Aujourd’hui Iliz Koz revit. Le sable ne l’a point détruite. Il nous l’a conservé, fixé, figé, fossilisé, sous ses graines blondes, transmise en héritage. Et cet enclos, autrefois modeste, devient, pour notre temps, ce précieux témoin de l’art funéraire à la fin du Moyen-âge et au début de l’ère moderne. Témoin exceptionnel aussi d’une catastrophe naturelle, l’ensablement de la côte nord du Léon, et de l’obstination d’un peuple à lutter contre les éléments, recherchant inlassablement sous la blanche morte des sables l’humus nourricier qui redonnera vie à leur pays. (G.Kervella)

Le nom, tout d’abord : Tremenec’h, ou Tremenac’h, prononciation actuelle. Dans son dictionnaire topographique du Finistère (Coop Breizh, 2003). Le chercheur Albert Deshayes note les graphies anciennes de Tremenec’h : Tremenech(1448), Tribu Monachorum(1467), Trefmenech (1578), Treffmenec (1625), Tremenach (1658), Tremeneach (1693),Tremenah(1698).

Mentionnée, en 1463, sous la forme de Tribu Monachorum, Tremenec’h est un mot composé formé avec le vieux breton Treb, « village », et le breton Menec’h, « moines », pluriel de Manac’h. On voit que dès la moitié du XVII siècle, Tremenac’h supplante Tremenec’h dans l’écriture ; et probablement aussi dans la prononciation.

« Les noms du plus grand nombre de ses villages nous ont été fournis, écrit Henri Perennes dans sa monographie Plouguerneau, une paroisse entre Manche et océan, par le dépouillement des registres de catholicité. »

Les voici : Creachcam (Kreac’h ar Hamm), Croaz-Ru ( Kroaz ruz), Cruquerrou (Krukerou), Enez-Sanq (Enez Sang), Al Lann (Kroaz al Lann?), Lanntsantverzer (Lann Verzer), Kerusal-Bihan (Keruzal Vihan), Kervelogan, Kervohic (Kervohig), Mescolle (Mez Kole), Mesmeur (Mezmeur), Picbran (Pik Bran), Kergengar (Kergongar), Kergoff, Kergratias, Keruralen (Disparu, peut-être à Penn ar Strejou près de la Grève Blanche).

On voit bien les limites de cette paroisse sur la carte de Cassini. A l’est le ruisseau qui descend de Kervenn et qui vient se jeter dans la grève de Poull Glaz à Kelerven. Ainsi le moulin de Kelerven se trouvait à Tremenac’h et l’ancien manoir, à l’est, à Plouguerneau. La limite ouest est le ruisseau qui descend du sud de Kergratias vers la grève de Lost an Aod, entre Kerjegu à Plouguerneau,et Kelerdut en Tremenac’h.

À la liste du chanoine Perennes, on peut ajouter les villages suivants : Kelerdut (anciennement Kereldut), Porz Grac’h, Meledan, Porz Gwenn, Spins, Lienen, Razkolig, Penn ar Strejou, Menan, Prad Menan, Aod Wenn, Landevenneg, Kernezen, Krukelle, Straed an Iliz, Korejou, Strejou, Mezkeo, Bassinig, Keruzal Vraz, Roc’h ar Vilin, Trolouc’h, Saint-Michel, Koad Tevennog.

La paroisse de Tremenec’h abritait aussi les manoirs du Mouster, du Menan, de Kervelogan, de Pompillo (Baupillau-Botbilleau au XVI siècle). Le manoir du Mouster était possédé entre 1671 et 1697 par René Simon, seigneur du Mouster, capitaine de Plouguerneau. Le manoir de Landevenneg, où se situait l’enclos d’Iliz Koz, était-il le même ? Le pigeonnier disparu, à proximité de l’enclos, dans le park ar c’houldri (le champ du pigeonnier) dépendait-il de l’un ou l’autre de ces manoirs ? Le presbytère de la paroisse n’était-il pas une ancienne dépendance de manoir ?

Deux moulins à vent sont attestés à Tremenac’h : Menan et Kreac’h ar Hamm (Roc’h ar Vilin – La roche du moulin,déformé en Roc’h Irvin – La roche de navets!). On signale au moins trois moulins sur le ruisseau de Kervenn à Poull Glaz : Botbillo (Saint-Laurent), Faubourchou, Kelerven. La paroisse possédait aussi la chapelle des Saints Martyrs (Lann Sent Verzher), actuellement Saint-Laurent), devenue église paroissiale de Tremenac’h en 1729 ; la chapelle Saint-Michel (1707). La cellule Ty an Aotrou Mikeal Nobletz date de 1891.

L’église paroissiale de Tremenec’h était dédiée à la Sainte Trinité, ce qui était courant dès le VII siècle dans l’Eglise celtique (Job an Irien). Le mystère de la Trinité : un dieu unique en trois personnes, à savoir Jésus le fils, Dieu le Père et l’Esprit-Saint sous la forme d’une colombe. « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu. 28, 19) À partir du XV siècle le Père est un vieillard à barbe blanche, le Fils un jeune homme, le Saint-Esprit, un adolescent ou une colombe. Cette Trinité, parfois représentée sous forme d’un buste à trois têtes, se rapproche des divinités celtiques tricéphales, très répandues en Gaule. Le signe le plus ancien de la Trinité est le triangle équilatéral.

A propos du nom de lieu Landevenneg

« Car il existe un Landevenneg en Léon, dans la paroisse actuelle de Plouguerneau. En 1644, la douairière Marie de Kersco dit « tenir sa résidence en l’évêché de Léon, dans son manoir de Landevennec, trois lieues par-delà Notre-Dame du Folgoët ». L’ancienne église de Tremenac’h, consacrée à la Trinité, se trouve à deux cents mètres de l’actuel village de Landevenneg. Ce mot Landevenneg est exactement le même que celui de la célèbre abbaye de Cornouaille, et est à décomposer comme lui en « Lann-to-winnoc » : l’ermitage de ton bienheureux. S’agit-il de saint Gwenolé ? Rien ne le dit. Il y a cependant des indices : la chapelle de saint Cava, à Lilia. Cava est le fils de Gwenn Teir-bronn et d’Eneas, l’armoricain. Si Gwenolé est aussi leur fils, quoi d’étonnant que son ermitage se trouve à proximité de celui de son frère. A noter aussi le bateau Saint-Teveneuc, fréquentant l’Aber-Wrac’h à la fin du XV siècle. Ce Saint-Teveneuc pourrait référer à Saint Gwenolé. A noter encore à proximité de la Grève Blanche, à quelques centaines de mètres d’Iliz Koz : Koad Tevennog, prononcé aussi Kostevennog (de même que Coat Méal est prononcé Coz Méal) et Bord Tevennog. Le lieu-dit Lok-evennog à deux kilomètres à l’est (avec les ruines d’une chapelle) est-il à rapprocher de Landevenneg ? Au terme de ce survol, il paraît clair qu’il y eût une étape de la vie de Saint Gwenolé en Léon. Qu’après un séjour à Landevenneg en Léon, il soit allé fonder un autre Landevenneg en Cornouaille, rien d’étonnant à cela. (D’après Job an Irien, Minihi Levenez).

L’ensevelissement d’Iliz Koz et d’une grande partie de la paroisse de Tremenac’h est dû au sable. Cet ensablement n’a pas concerné seulement cette paroisse littorale. Toute la côte du Léon, du Conquet à Saint-Paul, a subi cette catastrophe naturelle. Ainsi qu’en a-t-il été de la chapelle saint Egareg à Lampaul-Plouarzel, de la chapelle saint Guevroc à Keremma en Treflez, ou encore de l’église saint Paul à l’île de Batz.

L’ENSABLEMENT D’ILIZ KOZ

L’ensablement de cette lisière littorale semble être dû à une régression marine : un refroidissement du climat aurait entraîné une baisse sensible du niveau de la mer. Les vents ont alors desséché les grèves et constitué des dunes qui se sont mises en mouvement vers l’intérieur des terres à l’occasion des tempêtes. Il peut y avoir aussi surexploitation de la couche végétale de ces dunes, mettant le sable à nu.

Une étude sédimentologique a montré que les vents de Nord-Ouest ont apporté les sables depuis la Grève Blanche, distante de 300 mètres. Mais les vents de Nord-Est et d’Est, soufflant sur la baie du Korejou, ont aussi joué un rôle important. C’est toute cette zone basse entre la montagne Saint-Michel et la côte de Keruzal qui a été ensablée. Le début de cet ensablement ? En 1550, on peut lire dans les archives de la seigneurie des Parscau, au manoir de Menan, à moins de 500 mètres au sud-ouest de l’enclos paroissial : « Terres vendues à cause de l’ensablement. » C’est surtout en 1666 que l’ensablement est signalé. Le seuil critique est atteint vers 1700. Les trois décennies suivantes verront s’abattre sur l’enclos un véritable déluge de sable, atteignant par endroits plusieurs mètres de hauteur. En 1713, François Falc’hun, recteur de la paroisse, demande à être enterré à Guisseny, sa paroisse natale, à cause des sables qui envahissent Tremenac’h-Vras. En 1721, le presbytère est abandonné. Quelques années plus tard, les paroissiens bloqués dans l’église, doivent s’échapper par le toit. En 1729 l’église est abandonnée, le culte transféré en la chapelle de la Martyre, dépendant probablement du manoir de Botbilleau (actuel Pompillo, probablement). Le nouveau lieu s’appelle dorénavant Tremenac’h-Vihan. L’ensablement d’Iliz Koz se poursuit sans doute bien plus tard. Ce n’est que vers le milieu du XIX siècle que les habitants de Tremenac’h-Vras réinvestissent le bas pays du bord de mer, bâtissant de nouvelles demeures, parfois au-dessus des ruines désensablées des anciennes chaumières. Les anciens se souvenaient d’avoir entendu leurs grands-parents raconter comment ils ramenaient le sable dans les grèves, parfois à l’aide de wagonnets tractés par des chevaux, afin de redécouvrir la terre arable.

Jacques Cambry, dans son « Voyage dans le Finistère » (1794), raconte comment « entre le Correjou (Korejou) et la rivière d’Aber-Wrac’h, Tremeneac’h dont l’église, qui servait encore au commencement de ce siècle, est à présent engloutie dans le sable jusqu’à la hauteur de son entablement. »

Le 12 février 1792, Tremenac’h fut annexée à Plouguerneau par décret de l’Assemblée Nationale. Un mois plus tôt, la pétition des habitants voulant conserver leur paroisse fut rejetée par le département « parce que la paroisse est peu distante (¼ de lieue) de Plouguerneau, qu’elle est battue par les vents et a besoin de réparations ». Malgré cette annexion officielle, la paroisse de Tremenac’h continue de vivre de façon autonome pendant quelque temps, constituant un foyer de résistance au curé constitutionnel de Plouguerneau. « Les femmes y viennent faire baptiser leurs enfants. La Fête Dieu de 1792 y draine 5 000 fidèles. La municipalité même vient adorer le Dieu de Tremenac’h, après avoir tourné le dos à celui de Plouguerneau. » Tremenac’h aura été commune, dotée d’un maire, pendant quelques semaines.

LA REDÉCOUVERTE D’ILIZ KOZ

En 1969, quand monsieur Charles Richard décide de construire une maison sur le terrain jouxtant, à l’ouest, la maison de ses parents (actuel atelier de poterie de Nannig), au lieu-dit Iliz Koz, les engins de l’entreprise Talec se heurtent à des pierres tombales et à des murs, lors des travaux de terrassement. Ils doivent interrompre ces travaux, les trous restants béants et le terrain ouvert à tous. Au cours de l’été des gens s’affairent autour des pierres tombales qui ont été mises au jour et de nombreux ossements qui apparaissent en plusieurs endroits du site.

Le docteur Gerald Philipps de Brest, qui effectue des recherches sur la ville légendaire de Tolente, dans l’estuaire de l’Aber-Wrac’h, est averti par un client de cette découverte. Il se rend sur place et avec l’accord du propriétaire, monsieur Richard, entreprend le dégagement du sable. Il est aidé en cela par le Foyer des jeunes de Plouguerneau et des élèves de l’école La Croix Rouge de Brest, encadrés par le frère Dabo. Le docteur Philipps s’intéresse surtout à la chapelle des Parscau, du côté de l’épître de l’église. Des dizaines de squelettes y sont découverts, en position debout. L’ossuaire d’attache, à l’ouest du porche de l’église, contenait aussi « deux cents squelettes ». Un charnier sera découvert dans un autre endroit du site. Les fouilles vont rapidement concerner l’ensemble du site : le cimetière au sud, le corps de l’église, le probable presbytère au nord. Des peintures murales apparaissent dans l’église. Le docteur Philipps fait monter des muretins de petites pierres pour protéger ces peintures. Il fait poser aussi des grillages « à lapins » contre les murs du presbytère. Dans un interview accordé au Tirlipote, numéro 37, en 1971, du journal du Foyer des jeunes, le docteur Philipps raconte comment il a découvert ce site, avec des tombes retournées, et entrepris les « fouilles » en août 70. Il s’impatiente aussi du retard de la mairie à protéger le site du vandalisme. Son projet est de restaurer la chapelle des Parscau. Il va donc remonter les trois murs de la chapelle, ce qui explique qu’ils soient tous du même niveau actuellement.

Au cours de cette période il y aura beaucoup de pillage, en particulier d’ossements et surtout de crânes, servant aux professeurs de sciences naturelles et aux étudiants en médecine. Doit-on attribuer à des fouilles sauvages la brisure de quelques pierres tombales ? Il faut savoir, d’après des textes anciens, que le cimetière aurait été déjà fouillé au début du XX siècle. Et que l’église aurait servi d’entrepôt à la suite d’un naufrage à la fin du XVIII siècle. Goulc’han Kervella, alors jeune étudiant en médecine, viendra tous les week-ends pendant une année aider le docteur Philipps. La municipalité a acquis le site en 1977 mais tarde à le clôturer.

En 1981, le docteur Philipps relance les fouilles auprès de la Mairie et des Antiquités (actuelle DRAC). René Sanquer, directeur des Antiquités, après avoir noté « l’intérêt touristique du site, une fois dégagé du sable, consolidé et restauré », établit la conduite à tenir (dégagement prudent du sable, consolidation des ruines, ne toucher à la partie archéologique que dans le cadre de campagnes de fouilles programmées) Rien ne s’en suit.

La nouvelle municipalité du docteur Bernard Le Ven, élue en mars 1983, va aussitôt souhaiter mettre en valeur son patrimoine archéologique : en particulier le pont du Diable, le dolmen de Lilia et le site d’Iliz Koz. Les fouilles archéologiques n’étant pas envisageables, car du ressort de la Direction Régionale des Antiquités, l’archéologue départemental, Michel le Goffic, nouvellement nommé, et l’architecte des bâtiments de France proposent à la municipalité de créer une Z.P.P.A.U (Zone de Protection du Patrimoine Architectural et Urbain) dont le thème serait l’archéologie, et de l’étendre aux communes de Lannilis et Landéda. Outre le recensement des sites et la modification des périmètres de protection, les communes pourront bénéficier de subventions pour des travaux d’aménagements et de mise en valeur. La ZPPAU est votée en 1986. La Mairie monte un dossier de consolidation des ruines qui sera financé par l’Etat, le Conseil Général et la Commune. A l’arrêté de subventions (1988) les travaux débutent en régie communale sur la semaine et par une équipe de bénévoles le week-end. Tous ces travaux sont suivis par G.Kervella, premier adjoint en charge de la culture. Le site a été entièrement entouré d’une clôture. Les travaux consistent à enlever le sable là où il gène la consolidation des murs dont l’arase est alors recouverte d’un enduit à la chaux. Aucune modification n’est apportée à ces murs en dehors de ce que le docteur Philipps avait réalisé sur la chapelle des Parscau. Le désensablement du presbytère fait apparaître deux cheminées sur deux niveaux et une tourelle d’escalier accolée à la façade sud. Une belle allée empierré est mise au jour, qui mène de l’église à ce presbytère. Le sol de l’église et le cimetière désensablés font apparaître une centaine de pierres tombales. Certaines étaient déjà visibles depuis les premiers travaux. Nous prenons soin de laisser en place les pierres qui obstruent portes et fenêtres ; elles témoignent de la lutte des derniers habitants contre l’ensablement. Nous ne désensablons pas la deuxième pièce du cimetière, la partie ouest du cimetière ni l’arrière nord-est de l’église, non touchés par les premiers travaux. Ces endroits témoignent de l’ampleur de l’ensablement de l’enclos.

Sous l’égide de la municipalité, une association est créée pour l’animation du site, les visites du public en particulier. Un cheminement d’interprétation a été mis en place avec panneaux explicatifs. Il n’y a pas de visite sans surveillance.

L’ENCLOS PAROISSIAL

Les enclos paroissiaux sont une expression originale de la foi en Bretagne. L’enclos paroissial est formé d’une enceinte, espace sacré où les fidèles pénètrent généralement par une porte triomphale, comportant trois édifices : l’église elle-même, entourée de son cimetière, et un ossuaire. L’enclos est le centre religieux de la paroisse. L’église se situe généralement au centre de l’enclos. Elle est orientée Est-Ouest : le chevet est à l’Est, le clocher à l’Ouest, parfois au centre. On accède à l’église par un porche situé sur la façade sud. L’ossuaire, ou reliquaire, qui abrite les ossements des défunts, se présente sous deux formes : bâtiment autonome ou bâtiment d’attache construit contre l’église. Le calvaire, autre élément présent dans l’enclos, est plus ou moins élaboré. Le socle de la croix est enrichi par un nombre plus ou moins grand de scènes de la vie et de la mort du Christ et peut prendre des dimensions monumentales.

L’enclos d’Iliz Koz

Le cimetière se situe uniquement au sud de l’église. Au Nord, le mur d’enclos n’est qu’à trois mètres de cette église. L’église, sans transept, est orientée Est-Ouest, le chevet étant à l’Est comme pour toutes les églises. Il n’y a pas de trace de clocher. Le sol de l’église est bien plus bas que le sol du cimetière. Le mur sud est agrémenté d’un porche et à l’ouest de celui-ci un ossuaire d’attache avec chapelle funéraire. La chapelle des seigneurs de Menan (famille de Parscau) jouxte le mur sud à l’Est. La parcelle où se situent les ruines se nomme « Parc ar c’halvaire » (le champ du calvaire). Y avait-il un calvaire plus important que la croix actuelle fixée sur une stèle gauloise ? Le mur d’enclos avait disparu au Sud.

A Plouguerneau, Tremenac’h, nécropole témoin, livre soixante-trois dalles funéraires.

Au temps de l’ensablement, on part avec ses morts

Au temps de l’envahissement définitif de Tremenac’h par les sables, le destin du mobilier d’une chapelle dont l’abandon devenait inéluctable, s’est inévitablement posé. Ce qui appartenait dans l’indivis à la communauté, statues, retables, balustrades, sièges, fut replacé dans d’autres chapelles, sans que l’on ait sur ce transfert aucun détail.

En revanche, les dalles funéraires, bien propre des particuliers, ont eu une double destinée. Alors qu’en fut importé un certain lot, le grand nombre fut abandonné sur place, et qui vient d’être mis au jour ces derniers temps. À cet égard, le plan général des lieux, avec les tombes, minutieusement dressé par M. Le Roux des services techniques de la mairie, est éloquent. La zone comprise entre les trois dalles du chœur et les dix du bas de l’église est vide de pierres. Elle contenait les tombes qui furent emportées, en 1729, par les paroissiens au temps où ils quittèrent définitivement les lieux.  Dans la nef il y a en effet place à une quarantaine de dalles, et le porche peut en abriter une dizaine. Cinquante familles environ ont donc porté ailleurs le bien qu’ils avaient en propre dans l’église. Le chiffre correspond à la population, dénombrée lors de l’enquête sur la mendicité de 1774.

Ainsi par rapport au vide, ce qui reste en place constitue une pièce importante à apporter au dossier des inhumations antérieures à 1729 tant à l’intérieur de l’église que dans le cimetière.

 

Les morts oubliés et leurs tombes

Les dalles découvertes aujourd’hui, négligées par la population de 1729, ce n’étaient pas leurs morts. On déduit qu’elles appartenaient à des familles éteintes. Le sort des quatre dalles Parscau, dans le chœur et leur chapelle privative, le confirme. Peu après son mariage avec Jeanne Le Jeune épousée vers 1555, Vincent, de la cinquième génération, avait quitté le Menan, qui déjà s’ensablait, pour demeurer chez sa femme, à Bodiguery, en la paroisse de Saint-Thonan. Les dernières terres du manoir furent vendues, en 1679, par Bernard Parscau. Ainsi, la famille prééminencière n’avait plus rien au temps de l’ensablement, et il n’y eut personne pour les réclamer, elles remontaient à une époque à celle où les sépultures commencèrent à encombrer le sol même des églises. Ainsi, les soixante-trois dalles récemment exhumées, toutes antérieures au XVI siècle, sont des témoins vénérables de l’art funéraire dans ce secteur de Bretagne.

Dalles funéraires parlantes

Avouons-le, il serait impossible de dire quoique ce soit de quarante-six de nos pierres. Leur seul ornement étant l’usure séculaire sous le pas des paroissiens de Tremenac’h, elles se perdent dans la nuit des temps. En revanche, le lot des dix-neuf pierres portant gravure est riche d’enseignements. Faisons, en premier lieu, un sort particulier à la pierre 23. Son profil à moulurations annonce un couvercle de sarcophage médiéval. Les autres dalles, du point de vue formel, simples lames de pierre, participent à un double traitement par l’ouvrier : sculptures en relief, ou gravures en simple creux, à peu près en nombre égal. Quant aux motifs d’ornement, ils ont un rapport avec la qualité du défunt. Quatre portent des armes de guerre, défensives tel l’écu, offensives telles les épées dont certaines, longues, étaient maniées à deux mains. Les gantelets résument les pièces de l’armure complète. Huit dalles portent un écu parfois armorié, parfois muet, parfois fantaisiste. Quatre présentent un calice ou une croix. Le n°43 est gravé d’un emblème de métier, forces à tondre et longue tige qui se rapporte au métier de fabricant de drap. Une dernière dalle est creusée d’un simple bénitier. Ainsi peut-on saluer à Tremenac’h, le chevalier, le clerc, le roturier, ici un tisserand. En somme les trois ordres de la hiérarchie médiévale.

Des places privilégiées : le fondateur, le clerc, le noble.

Justement, à l’égard de la hiérarchie, l’emplacement des tombes ne laisse pas d’être significatif. Les places prisées étant proches du sanctuaire, trois pierres y résument l’histoire de Tremenac’h : la fondation, la restauration, la prééminence.

1- Le Fondateur

A gauche du sanctuaire, la pierre du chevalier, n°1, très ancienne, paraît être celle du fondateur. Sa position biaise, sa situation liée à une triple cathèdre de pierre remonte à une époque antérieure à la reconstruction du mur Nord. La présence du blason fascé de six pièces, repris sur le bas de l’un des sièges confirme que nous sommes en présence d’un système cohérent non fortuit.

De plus, cette dalle de chevalier est, de toutes, la plus soignée, si l’on songe qu’il est plus ouvrageux de faire un décor en plein relief, qu’une simple gravure en creux ou même en réserve. Le grand écu pointu, assorti de la longue épée à deux mains, large au talon, à pommeau en forme de disque, est d’un type qui apparaît au début du XIV siècle. Mais tant de familles ont porté des armoiries avec un fascé de six pièces, qu’il est difficile de s’y retrouver avec certitude. La seule qui ait rapport à Plouguerneau est celle des Keroulas, possessionnés à Lanvaon, lieu fort proche de la paroisse disparue. D’autres y voient les armoiries de la famille du Chastel, répandue dans le Léon.

Quoiqu’il en soit, ces armoiries voient l’éminence de leur antiquité confirmée par l’écu placé dans le mur à gauche de l’art séparatif de la nef et du chœur, ainsi que par celles qui timbrent le bénitier de ce même côté.

2 – Le Clerc

On pouvait s’y attendre, si le fondateur est couché du côté de l’évangile, le clerc gît au milieu, devant l’autel principal. Dalle n°2, la tombe du prêtre. Remarquez la position de la pierre sacerdotale, la tête tournée vers l’autel. Ainsi, encore aujourd’hui, le cercueil se pose lors de l’enterrement des prêtres. Quasi seule à porter une inscription, les reliefs des caractères gothiques de cette pierre n’ont pas été épargnés par le temps. Il faut se pencher, tâter chaque signe avant de pouvoir relever, dans la seconde ligne, les mots : Recteur (?) de Tremenech. Mais qui lira le nom du prêtre dont la belle initiale annonce un certain Guillaume. Guillaume ? Le recteur qui participa sinon à la construction du moins à une restauration importante de l’église. Je verrais bien que les caractères gravés sur cette pierre soient du XIV siècle…

3 – Le noble

La troisième pierre tombale du chœur portant de sable à trois quintefeuilles d’argent, on est en terrain connu. Les rosettes rappelant la fleur du sureau (Skao, écrit scao ou scau, autrefois) se retrouvent dans le mur de la chapelle connue sous le nom de chapelle des Parscau, où d’autres dalles, la 15 et la 16 portent le même emblème, ainsi que la 17, avec une légère variante. Les tombes des Parscau ont le caractère du XV siècle. Sans savoir exactement depuis quand les Parscau s’étaient installé au Menan, on sait d’une part qu’ils furent présents aux montres de la noblesse de 1426 à 1534, de l’autre qu’ils ont quitté le manoir peu après 1555.

Tombes de prêtres

En plus de la tombe de Guillaume, le recteur, trois autres appartiennent à des prêtres. Caractérisées par un calice gravé, elles sont sensiblement de la même époque. Toutes trois placées à l’extérieur, elles se serrent à l’angle Sud-Ouest de la chapelle des Parscau. Et l’une d’entre elles, la 39, se donne quelque allure nobiliaire avec trois espèces de rosaces, rappelant leurs rosettes. A croire qu’elles furent gravées après le départ de ces derniers. Et l’on s’interroge. N’est-ce pas dans ces dessins rayonnants que prend origine une certaine légende où l’on parle de trois soleils, contemplés par les âmes pures. Une autre dalle, la 40, livre le nom du défunt, tracé sous le calice, verticalement, marque assurée d’ancienneté : T. BIZIAN : P(RETRE)

Restent bien concrètes, soixante-trois pierres tombales, qui font de Tremenac’h, en Léon, une importante nécropole médiévale et post-médiévale.

Yves-Pascal Castel

L’ensevelissement dans les églises

En Basse-Bretagne, avant le milieu du XVIII siècle environ, la population chrétienne, en règle générale était enterrée dans le sol des églises ou des chapelles. L’inhumation dans les cimetières était l’exception. Ce fut le cas, singulièrement, en période d’épidémie ou de saturation du sol de l’église (D.Feuntren, A. Croix) Cet ensevelissement dans les églises daterait du début du XVI siècle. Dès la fin du XVII siècle, les autorités civiles et religieuses s’inquiètent du danger que représentent ces inhumations, avec les fouilles incessantes du sol des édifices. Des édits furent pris pour les interdire. Ce n’est qu’au cours du XVIII siècle que se fit le retour à l’ensevelissement dans les cimetières. Iliz Koz abandonné en 1729, et sans doute avant pour les ensevelissements, n’a pas connu l’application de ces édits. Il y a seize dalles funéraires regroupées au bas de l’église, près de fonts baptismaux ; et trois dans le chœur.

Le chœur

Il mesure 7 mètres 80 de longueur jusqu’à l’autel, et 4 m 50 de largeur. De l’autel il ne reste qu’un massif de maçonnerie, constitué de moellons, de coquillages et de chaux. La table d’autel a disparue, peut-être transférée dans une autre chapelle ou église lors de l’abandon du site. Derrière cet autel, sur une largeur de 1m10, se trouvait une probable et modeste sacristie. Les deux portes latérales, au nord et au sud, étaient bouchées par des pierres pour lutter contre l’ensablement. Il est important de les y conserver. Aux quatre coins de ce chœur à l’extérieur sont quatre contreforts de pierres.

Chapelle latérale à gauche dans la nef

Cette petite chapelle, propriété d’une famille se compose d’un autel armorié (fascé de six pièces), d’un bénitier portant deux types d’armoiries, d’une crédence, d’une fresque murale représentant probablement l’archange saint Michel, portant deux blasons bipartites.

Il semble qu’il y avait une autre petite chapelle de l’autre côté de la nef. La place de l’autel est encore visible.

La chapelle de Parscau

Cette chapelle communiquait, du côté de l’épître, avec le chœur de l’église, par une arcade au-dessus d’une tombe élevée (enfeu ?). Cette arcade a été bouchée à une certaine époque, peut-être lorsque la famille de Parscau a quitté la paroisse de Tremenac’h pour s’installer à Saint-Thonan, près de Landerneau. La chapelle contient, outre un autel dont il manque la table de pierre, et un bénitier, quatre dalles funéraires armoriées à fleur de sol, un tombeau élevé armorié entre la chapelle et le chœur de l’église ; et dans le mur sud un très probable enfeu, tombeau élevé, surmonté d’une arcade constituée de très belles pierres moulurées, dont on voit le départ. Les autres pierres se trouvent dans le champ à l’arrière de l’église. On pourrait reconstituer cette arcade sans trop de mal. Il y avait peut-être un gisant sur cette tombe.

La famille de Parscau

Le premier membre de la famille de Parscau, habitant le manoir de Menan, que nous connaissons, est Henri qui y vivait dans la deuxième moitié du XIV siècle. Il vivait encore en 1426. La seigneurie de Menan, avait « droit de chapelle dans l’église paroissiale de Tremenec’h, du côté de l’épître ; qu’aux vitres et fenêtres d’icelle elle a le droit de mettre des écussons représentant les armes de la dite maison de Menan ; an dedans de l’arcade du même côté, une tombe élevée, banc et escabeaux et accoudoir armoriés des dites armes ; en haut de la même arcade et pignon suzain, aussi un écusson en pierre et autrement aussi du côté de l’épître une autre tombe à fleur de terre joignant le grand autel, aussi armoriée des dites armes, au pignon suzain proche le reliquaire un bénitier aussi armorié. » Ils avaient aussi « droit de cordon et d’enfeu ».

Ollivier de Parscau (peut-être fils de Henri) vivait au Menan au début du Xvsiècle. Il figure dans la Montre de Plouguerneau en 1443 ; où il était qualifié de « noble et écuyer ». A la même époque, Jehan et Guillaume de Parscau, peut-être frères du précédent, sont cités comme nobles à Tremenec’h. Yvon de Parscau, fils d’Ollivier, fut père d’un autre Ollivier, vivant encore vers 1527 au Menan. « Ollivier Parscau, second du nom, était fils de noble homme Yvon Parscau et de dame Jeanne de Lescarval, fille ainée de l’ancienne maison de Lescarval, seigneur et dame du Menan » (R. De Parscau du Plessis)

Yvon Parscau, de la troisième génération, prit part aux différentes expéditions que firent en Italie, les rois de France, Charles VIII et Louis XII. Anne de Bretagne, duchesse, épousa Charles VIII en 1490 ; et à la mort de celui-ci en 1498, Louis XII en 1499. Yvon Parscau fut fait prisonnier des Espagnols à la bataille de Cérignole (28 avril 1509), dans cette désastreuse journée où ce dernier roi perdit toutes ses possessions dans le royaume de Naples. Yvon Pascau figure, en tant qu’archer en brigandine, aux Montres générales des nobles de l’évêché de Léon reçues à Lesneven en 1481. Un autre Yvon Pascau, vougier en brigandine, et Vincent Pascau, frère probable d’Yvon Parscau, archer en brigandine, figurent aussi à ces Montres.

Vincent de Parscau, fils d’Ollivier second du nom, vivait vers 1550. Il épousa Jeanne Le Jeune de Botiguery en 1555, dernière représentante de la famille. Son manoir de Menan ayant commencé à être envahi par les sables, il alla s’installer à Botiguery, paroisse de Saint-Thonan. IL serait donc le dernier représentant de la famille Parscau qui demeura à Tremenac’h. Un écrit du 5 Septembre 1750 : » Lesquels droits la dite dame de Boiguery a cessé de jouir attendu l’encombrement de la dite paroisse de Tremenec’h par les sables » (Mme de Botiguery, veuve de Bernard de Parscau). A noter que deux dénommés Parscau ont été recteurs à Tremenac’h : Yves en 1536, et François, en 1583.

LE PRESBYTÈRE

On parle de presbytère à propos de ce petit bâtiment, à une cinquantaine de mètres à l’arrière de l’église, mais c’est une supposition. Cet édifice communiquait avec l’enclos paroissial par une venelle pavée, en pente et bombée au centre afin de permettre, des deux côtés, l’écoulement des eaux pluviales qui allaient se jeter dans un puisard devant la porte d’entrée. Ce bâtiment est donc plus bas que le sol de l’enclos, à peu près à niveau avec le sol de l’église. Ils pourraient dater de la même époque.  À noter, à gauche de la porte, une maçonnerie sommaire destinée à lutter contre l’ensablement. Le bâtiment est constitué d’une pièce principale en terre battue, avec une grande cheminée de pierre probablement du XV siècle ; et de deux portes, de la même époque, ouvrant sur deux salles, au Nord et à l’Est, qui n’ont pas été désensablées. Contre la façade sud, une tour carrée a été construite ultérieurement ; elle abrite un escalier en colimaçon qui conduit à l’étage où persiste une belle cheminée ouvragée, dans une pierre différente de celle du bas. Dans l’escalier on note des pierres de remploi, dont des linteaux de fenêtres à meneaux. Elles proviennent sans doute d’un manoir voisin. Ce supposé presbytère ressemble en fait à un petit manoir ou hôtel, en rapport sans doute avec l’église ou une chapelle seigneuriale antérieure à la création de la paroisse.  Il y avait, on le sait, un manoir ou hôtel à Landevenneg, où se situe Iliz Koz ; et un autre manoir dit du Mouster, de situation inconnue. A une centaine de mètres au Nord-Est de l’enclos se trouvait un colombier, visible sur le cadastre de 1840 et attesté par la micro-toponymie : parc ar c’houldry (le champ du colombier), crizen park ar c’houldry (la pâture du champ du colombier). Il y avait donc bien un manoir à proximité, en plus de celui de Menan, à cinq cents mètres à l’ouest.

LE CIMETIÈRE

Afin de compléter l’étude de l’abbé Castel, au vu des découvertes ultérieures à son passage à Iliz Koz.

Les tombes de prêtres

En plus de celles qui sont à l’angle sud-ouest de la chapelle des Parscau, il y a une autre dalle à l’est du cimetière, portant une croix et un livre.

La tombe à la caravelle

Non loin du porche, cette dalle porte en creux un dessin représentant un navire à l’ancre, voiles ramassées, avec château avant et arrière. Une probable caravelle. La Bretagne est après la Hollande, le pays d’Europe où les figurations de vaisseaux taillés dans la pierre se rencontrent le plus fréquemment (M.R. Morton Nance). On en trouve sur les églises, chapelles et habitations de Penmarc’h, Plomeur, Lambour, Goulien, Audierne , Meilars, Cleden Cap Sizun, Roscoff et l’abbaye des Anges, à L’Aber-Wrac’h en Landéda. (Louis Le Guennec). Ces navires témoignent de la prospérité du commerce maritime en Bretagne à la fin du Moyen-Age. On connait peu de figurations de navires sur les tombes. Celles qui avaient été décrites à Penmarc’h au début du XX siècle semblent avoir disparu de nos jours. La dalle funéraire d’Iliz Koz est donc un témoin exceptionnel de cette pratique. A noter dans l’église une autre dalle portant une ancre marine.

Korejou, Porz Malo, Aber-Wrac’h, ports actifs au Moyen-Age.

A la fin du XV siècle le port de l’Aber-Wrac’h faisait le commerce avec le sud du royaume de France et les pays du nord de l’Europe. On y recevait du vin de Bordeaux et du sel de la Rochelle. Des caravelles nommées Marie de Saint-Antoine, Marguerite d’Aber-Wrac’h, Saint-Teveneuc de Porz Malo y accostaient. La navigation n’était pas sans danger. Ainsi vers 1460, le Saint-Teveneuc, qui s’était attardé au mouillage de Korejou (écrit Corredou à l’époque) fut pris et emmené par les pirates anglais. Il était chargé de poissons, de beurre et de fèves à destination de la Rochelle. Ce saint Teveneuc est peut-être à rattacher à Landevenneg ( Lan-Devennec) où se situe Iliz Koz.

La tombe gravée d’un emblème de métier.

Les motifs gravés, nous dit l’abbé Castel, semblent représenter des forces ou ciseaux et une longue tige de mesure. Ce pourrait être la tombe d’un tisserand ou d’un fabriquant de drap. L’industrie du tissage était prospère en Bretagne dès le Moyen-Age. Elle atteint son apogée au XVII siècle. Le lin et le chanvre étaient largement cultivés dans le pays de Léon. Les toiles étaient tissées par les paysans eux-mêmes ou par des manouvriers, travaillant pour le compte de gros paysans marchands. Les ports de Roscoff, Landerneau, Morlaix assuraient l’exportation des toiles vers le Portugal, l’Espagne, l’Angleterre, Anvers. Est-ce que les ports de Korejou et de l’Aber-Wrac’h furent aussi des ports d’exportation ?

Datant du Moyen-Age, elle est de section octogonale, mesurant 1m15 de hauteur, orientée nord-sud, sur le bord de la route. Elle est fixée par du ciment au sommet d’une stèle gauloise quadrangulaire à pans, mesurant 2m50, dont la moitié est enfouie dans le sable. Les stèles dites armoricaines sont des monuments érigés au cours du second Âge du Fer, entre 450 et 50 avant Jésus-Christ. Taillées le plus souvent dans le granit, elles présentent un axe de symétrie vertical et sont schématiquement de deux types : stèles hautes (Iliz Koz, Grouaneg koz, Beg ar C’hastell, Prad-Paol) et stèles basses hémisphériques (Lannverzer, Naount, Lilia, Treguestan…et non loin de la stèle portant la croix, une petite stèle ovoïde trouvée près de Kozker Veur). Quelle est la signification de ces stèles ? Certaines sont liées à des pratiques funéraires. A cette période de l’Âge du Fer, bien souvent, on incinérait les morts. Leurs cendres étaient recueillies dans des urnes d’argile et placées en terre autour d’une stèle, indiquant donc une nécropole. C’est le cas de la stèle de Pembrad Vihan en Lannilis. Les stèles gauloises ont souvent été déplacées au cours des siècles, enfouies dans le sol, utilisées à d’autres fins ou christianisées, comme celle-ci. Est-elle à sa place d’origine ? On n’en a aucune preuve. Des fouilles pratiquées à sa base n’auraient rien donné de très ancien. Mais vu sa taille et son poids elle n’a pas dû être déplacée de très loin. Ce qui rend ce site encore plus intéressant.

Les peintures murales

Au cours du désensablement est apparue sur le mur nord de l’église, une surface peinte de différents motifs entremêlés : motifs géométriques, blasons, personnage… Déjà, depuis les premiers travaux au début des années 70, on pouvait apercevoir des peintures sur les murs. L’archéologue départemental et la DRAC en sont informés. La mairie fait protéger ces peintures par un coffrage en bois et papier goudronné. Le responsable de la DRAC, après visite, juge « relativement secondaire l’intérêt de ces peintures. Il suffit d’en faire des photos pour en garder un témoignage. » La mairie de Plouguerneau ne l’entend pas de la sorte, et avec l’aide de l’archéologue départemental, entreprend de les déposer et les restaurer. C’est l’atelier Taillefert qui, à l’issue d’un marché public, sera retenu, en octobre 1991. Les restaurateurs viendront travailler sur site pendant plusieurs semaines. Les travaux, chiffrés à 18 000 francs, sont financés par la Mairie, le Conseil Général et l’association Iliz Koz. Au cours de cette dépose des peintures, Taillefert met au jour un décor encore plus ancien : un semis de roses stylisées, datant probablement du XIII siècle. La mairie programme et finance (83 000 francs) une deuxième campagne de restauration de ce tapis de roses mariales, en 1993. L’ensemble de ces peintures restaurées est présenté actuellement dans le lieu d’accueil d’Iliz Koz.

 

Les cinq décors de l’église.

Il ressort du remarquable travail de restauration de l’atelier Taillefert que les murs intérieurs de l’église de Tremenac’h ont été recouverts, au cours des siècles, de plusieurs décors successifs, pour être finalement badigeonnés d’un lait de chaux qui doit remonter à la dernière époque du site.

Premier décor

C’est le plus récent (fin du XVI, début du XVII siècle). C’est un décor de triangles utilisant deux couleurs, le rouge et le noir en lait de chaux, surmontant un décor de faux appareillage gris.

Deuxième décor

Sous-jacent au premier, c’est une frise composée de palmettes rouges enrichies d’un treillage gris et souligné par une bande rouge à 1m20 du sol et complétée à 1m70 par trois bandes de couleur, deux ocres rouge et une ocre jaune. Cet ensemble de frises, bandes et filets reposes sur un faux appareil gris. Ces palmettes sont un signe de retour au décor classique (XVI siècle probablement).

Troisième décor

C’est la fameuse figure de chevalier ou d’archange. Il porte un écusson au côté. Il est encadré par deux blasons identiques qui sont posés sur une draperie stylisée en forme de dais et de manteau. L’ensemble du motif se trouve souligné sur la gauche par une épaisse colonne jaune. La mise en peinture, l’étude stylistique, les vêtements, nous font penser à une réalisation du XV siècle.

Quatrième décor

Il est directement sous-jacent au décor précédent. Il s’agit d’une succession d’anneaux ocre rouge, espacés d’une trentaine de centimètres environ reliés entre eux par une courtine rouge curieusement convexe. La courtine est une peinture en trompe l’œil, imitant les tentures qui constituaient le principal de l’ameublement médiéval. On peut dater ce décor, selon toute vraisemblance, du XIV siècle.

Cinquième décor

C’est un décor floral de roses réparties en semis sur toute la surface du mur. Les roses disposées en quinconce sont ocre rouge, rehaussées de vermillon. Jusqu’au douzième siècle, la décoration picturale était surtout constituée de figures géométriques. C’est à l’époque gothique que les motifs floraux sont apparus. Les roses étaient un motif privilégié, symbole de l’amour, puis de la Sainte Vierge. Les roses gothiques de Iliz Koz semblent remonter au XIII siècle.

Ces différents décors restaurés et mis à l’abri, nous prouvent bien la richesse d’une église qui pouvait nous paraître des plus pauvres et des plus démunies. Ils témoignent désormais de la façon dont l’intérieur des églises était peint et agrémenté depuis le Moyen-Âge jusqu’à l’époque moderne. Ils porteront aussi le témoignage d’une époque brillante à la fin du Moyen-Âge où l’art européen n’était pas ignoré de nos concitoyens.

(Atelier Taillefert)

Blasons et armoiries

Le blason est la carte d’identité du chevalier au Moyen-Age. Il décrit la famille, non l’individu. Les armoiries identifient non seulement la famille, mais les biens : château, vaisselle, mobilier, peintures et tapisseries.

Dans les églises on les retrouve sur les tombes, les bancs, les murs, les bénitiers, les autels, les piliers, dans les vitraux. D’abord limités aux familles nobles, ils vont s’étendre aux communautés religieuses, aux villes, aux provinces, aux États, et même à certaines corporations.

Le fascé à six pièces du « fondateur »

L’identification de ces armoiries est, en fait, assez facile, et ne demande pas à sortir du manoir de Menan, dont les seigneurs sont les fondateurs et ont sans doute toujours été les principaux prééminenciers de l’église. Ce sont les armoiries de la famille de Coativy, qui se lisent : « fascé de six pièces d’or et de sable ».

Un rapide historique du manoir de Menan :

Au XIV siècle ce manoir est possédé par Alain de Grenguen, seigneur du Grenguen (aujourd’hui francisé en Les Granges, motte féodale), de Leslouc’h (autre motte féodale) et du Forestic, tous trois en Plouedern, et du Menant en Tremenac’h.

Sa fille héritière Tiphaine du Grenguen, épouse Prigent, sire de Coetivy en Bourg-Blanc, homme d’arme dans la montre tenue par Du Guesclin, à Lesneven en1378.Il meurt en 1384. Leur fils ou plutôt, je pense, leur petit-fils, Alain de Coetivy, épouse en 1398 Catherine du Chastel. Il sera tué en 1425 au siège de Beuvron. Ils auront quatre enfants, dont Prigent de Coetivy, amiral de Bretagne, qui fait montre à Plouguerneau au milieu du XV siècle, Alix de Coetivy, épouse du baron de Penmarc’h en Saint-Frégant, et Alain de Coetivy, cardinal et légat du pape.

Le Menan a pu changer de main à la fin du XIV ou au début du XV siècle. Les raisons de cette vente ?  Sans doute un besoin de fonds de la part de Alain de Coetivy, peut-être pour l’établissement de ses fils.

Ainsi donc, les fondateurs de Tremenac’h ont toujours été les seigneurs du Menan, et principalement, donc, les Coetivy, famille fort considérable, alliée à la famille royale française. La tombe armoriée du chœur, dite du « fondateur », avec l’épée du chevalier, peut être attribuée, de façon à peu près certaine, à Prigent de Coetivy, mort en 1384. Les autres, en effet, sont tous morts à l’étranger.

Le burelé de 10 pièces, sur le bénitier près de la peinture murale.

Ces armoiries posent beaucoup plus de problèmes d’identification. Dans la région, seules deux familles portent de telles armes : de Penfeunteuniou et de Quelen. Mais ni l’une ni l’autre n’ont de rapport direct avec Tremenec’h ou Plouguerneau. La présence, sur un même support, des deux armoiries, le « fascé » de Coetivy et ce « burelé », suppose, je pense, un lien entre les deux familles. Sans doute un « héritier » a-t-il voulu « moderniser » un signe de prééminence devenu trop ancien pour être reconnu.

Le burelé est sans aucun doute de Quélen (6 octobre 1990).

Les trois chevrons de la peinture murale

Plusieurs familles portent ces armoiries : Parcevaux, Morizur, Gourio, Carn, Kermerien, Le Heder, Lezivy, Ploesquellec, Riou…Les chevrons ont malheureusement perdu leurs couleurs. Comme le rouge et le noir semblent être les seules couleurs correctement conservées sur la peinture, on peut, je pense, éliminer ces couleurs pour les chevrons. Restent l’or et l’azur. Ce pourrait être les armoiries de la famille de Parcevaux (d’or ou d’argent à trois chevrons d’azur), dont un des membres aurait épousé une demoiselle de Quelen.

Quel rapport entre les Parcevaux et Tremenac’h ? Il y a eu un recteur de Parceveaux à Tremenac’h (peur ha piv ?)

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