LOTHUNOU, de la légende de l'oratoire à l'histoire du Prieuré
La Fondation de l’Oratoire par Tudogilus
“La vie de St-Gouesnou”, écrite en 1019 par Guillaume, chapelain d’Eude, évêque de Léon, relate l’émigration d’un petit “clan” chrétien de (grande) Bretagne en Armorique au 7ème siècle : celle du chef de famille, Tudogilus, accompagné de ses fils Goesnoveus (Gouesnou) et Maianus (Majean), et de sa fille Tudona.
Abandonnant sa patrie, qui est devenue le pays des Saxons, Tudogilus fonde donc en (petite) Bretagne, un oratoire sur le territoire de Ploudiner, qui sera ensuite démembré en trois paroisses: Lannilis, Landéda et Broennou.
Ce lieu de prières aurait pris son nom “Loctudon”, qui serait ensuite devenu “Lothunou“.
LE PRIEURE
A l’origine, des moines bénédictins en provenance de Plouvien.
Jaoua aurait fondé à Plouvien deux monastères :
- l’un appelé “Minihy Bian” (petit monastère) sur le site de l’actuelle chapelle Saint-Jaoua,
- l’autre appelé “Minihy Braz” (grand monastère), érigé, semble-t-il, à environ un kilomètre du premier (sur le site du futur manoir de Mézou, ou de l’actuel quartier de Minihy ?) : “Après avoir dirigé le monastère de Batz, il (Jaoua) retourna à son monastère de Méanvili (ou Maenvili) pour y construire un second monastère au centre même de la tribu afin de procurer au peuple une plus grande commodité d’assister aux offices” (article de l’abbé Le Guen dans le bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1888).
Le Minihy Bras fut considéré comme le centre paroissial de “Plouyen Koz” ( vieux Plouvien) du VIIIème siècle jusqu’en 1415.
Dès 818, les religieux qui desservaient ce sanctuaire adoptèrent la règle de Saint-Benoît, qu’un diplôme royal de Charlemagne, rendit obligatoire dans tous les monastères de Bretagne.
En 1415, l’église paroissiale est transférée à son emplacement actuel, à l’occasion d’un changement dans la direction spirituelle, et les moines quittent le “minihy bras” de Méanvili pour venir fonder le prieuré de Loc-Tudon, (ou Lothunou), sur le site de l’ancien oratoire.
Ce déplacement fut réalisé à l’initiative de l’évêque de Léon, Alain du Refuge de Kernaëret, seigneur de La Rue.Une dépendance de l’abbaye de Saint-Matthieu
L’abbaye de Saint-Mathieu s’était entourée, essentiellement sur le Bas-Léon, d’une dizaine de prieurés desservis par des équipes restreintes de moines placés sous l’autorité de prieurs.
L’abbaye et les prieurés avaient comme modèle de vie monastique celui édicté par Saint-Benoît :
- les offices liturgiques, 8 fois par jour, rassemblaient la communauté pour prier en commun: vigiles, laudes, offices de prime, tierce, sexte et none, vêpres et complies,
- le travail manuel, car selon Benoît «ils seront vraiment moines lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains, à l’exemple de nos pères et des apôtres». “Le monastère doit être disposé de telle sorte que l’on y trouve tout le nécessaire : de l’eau, un moulin, un jardin et des ateliers pour qu’on puisse pratiquer les divers métiers à l’intérieur de la clôture”, – la lecture et l’étude des Ecritures Saintes et des Pères de l’Église (=la “lectio divina”)
REPERES HISTORIQUES
1415: Fondation du prieuré.
1492 et 1503: Échanges de terres entre le prieuré et Christophe 1er Gourio, seigneur du Roual.
1655: L’abbé de Saint Mathieu, Louis de Fumée, fait appel à la congrégation des Bénédictins de Saint-Maur, sise près de Tours: l’abbaye périclitait ( il n’y avait plus que deux moines en 1639), sous l’effet des incessantes incursions anglaises, de la chute des revenus liée aux épidémies de peste et à la famine, mais aussi d’une administration défaillante de certains abbés. Il fallait donc ce concours extérieur pour, à la fois, restaurer l’abbaye et ranimer le zèle religieux.
1745: Alors que jusque-là le titulaire du prieuré était un religieux bénédictin du clergé «régulier», cette fonction de prieur est obtenue, en Cour de Rome, par un certain Bernard-Charles-Daniel Provost Douglas de Boisbilly, chanoine de Quimper (du clergé «séculier»).
1764: Le titulaire du prieuré est Dom Anne-Auguste Bougay, de l’abbaye de Marmoutiers (abbaye relevant de la congrégation de Saint-Maur).
1790: L’abbaye et ses prieurés deviennent biens nationaux. Le prieuré de Lothunou est ainsi présenté : «manoir consistant en une maison à 2 étages, avec chapelle couverte d’ardoises, des écuries couvertes de gleds (chaume), et des terres.». Ce «manoir» est ensuite affermé 250 livres/ an à un sieur Le Vaillant.
27 Thermidor an VII (14 août 1799) : L’habitation et les terres de Lothunou se retrouvent en possession de Madame Marie-Françoise Caill, de Lannilis, épouse de Monsieur François Le Bos, officier de santé, puis plus tard aux mains de la famille Le Bos/ Despinoy qui développeront, sur Landerneau , une florissante activité de brasseurs: «la Grande Brasserie Flamande» qu’ils créeront dans les années 1838-1842 deviendra le principal établissement du genre dans le département.
10-02-1914 : Madame Amélie Despinoy, veuve de Charles Le Bos, loue la ferme à Michel Nicolas et Rosalie Roudaut, qui en font l’acquisition le 12-04-1920.
La ferme devient ensuite propriété de la famille Nicolas / Gouriou jusqu’à l’achat puis la rénovation de l’habitation et des bâtiments annexes par les propriétaires actuels.
LA SITUATION ACTUELLE
La chapelle
La chapelle a été démolie sur 3 côtés (le pignon supportant le clocheton ayant été conservé), et les pierres réutilisées pour sa réfection. Le bénitier a été enlevé et conservé.
Le manoir
Quant à ce qui servait vraisemblablement à l’hébergement des moines, à savoir le « manoir » – ainsi qualifié à la Révolution -, il en subsiste l’assise et une partie des murs désormais intégrés dans l’habitation actuelle.
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