Chapelle Saint Claude
Keroudern 29880 - Plouguerneau - Situer
Auteurs
Office de tourisme du Pays des Abers
Le Pays des Abers va vous étonner sûrement, vous charmer nous l’espérons, vous conquérir sans doute, par la diversité de ses paysages. Une sortie en…XVIème siècle
A l’origine, simple oratoire domestique dépendant du manoir de Kerodern, domaine de la famille Le Nobletz. La croix voisine, datée de 1570, porte sur son socle octogonal les armes d’Hervé Le Nobletz et de sa femme Françoise Lesguern (les parents de Michel Le Nobletz).
XIXème et XXème siècles
Déjà remaniée au cours du XIXème siècle, elle a été agrandie et restaurée au XXème siècle.
XXIème siècle
Après des années de chantier, la chapelle a été, en 2004, quelque peu réaménagée à l’intérieur.
Dans cette chapelle, on trouve les statues de Saint Jean, Saint Claude (évêque de Besançon vers le milieu de VIIème siècle), Sainte Marguerite et de la Vierge.
Dom Michel Le Nobletz
Toute enfance est un secret …
Et celle de Michel Le Nobletz est un mystère qui ressemble fort à l’histoire du “Vilain petit canard”. Son berceau est le manoir de Kerodern, à 3 km au sud-est du bourg de Plouguerneau. Petit fief seigneurial attesté encore aujourd’hui par le calvaire, la fontaine et la chapelle Saint Claude où il venait se recueillir dès qu’il sut marcher tout seul.
“Berceau” est le mot qui convient pour qualifier son village natal. C’est un creux de verdure à mi pente d’un plateau. Un lieu d’élévation, d’une sérénité presque vide, s’il n’y avait eu la musique du vent sur les talus et dans les grands ormes qui devaient protéger le domaine.
Son père, Maître Hervé Le Nobletz, Seigneur de Kerodern, notaire royal de la Province du Léon, avait les yeux rivés sur ses sous. Le père de Michel était bien assis sur sa fortune et sa renommée. Patriarche à l’autorité incontestée, nous l’imaginions régnant sur son clan, et assumant dévotement les devoirs de sa charge et son salut.
Sa femme, Madame de Lesguern de Saint Frégant, lui donna 11 enfants, 5 garçons (Michel étant le quatrième) et 6 filles. Michel lui vouera une tendresse indéfectible, même quand elle le renia.
L’enfant en ses temps là n’était pas reconnu comme une personne, mais comme un simple “duplicata” de ses géniteurs. Il semble que Michel ne ressemblait à rien, du moins rien de classique. Enfant “difficile”, enfant étrange, aussi pieux que désobéissant, il était le vilain petit canard. Séduction et répulsion, il dérangeait, si bien qu’on l’exila.
Dès sa naissance il fut confié à une “bonne femme”, non pas dévote mais tout simplement croyante. L’enfant “difficile” fut initié par cette providentielle nourrice qui fit pencher le fléau du côté saint et pas du bandit.
La “belle Dame blanche”
Quand sa nourrice n’eut plus de lait, Michel revint au manoir de Kerodern ancré autour de la chapelle Saint Claude, remaniée plusieurs fois depuis. Et s’il n’est pas évident d’identifier les restes du manoir, la chapelle est toujours debout. La nourrice de Michel l’ayant voué à la prière mariale, il y venait dès ses 4 ans, et seul pour se recueillir.
Or sa mère, craignant qu’il ne se noyât dans l’étang jouxtant l’oratoire, le lui interdit. Et régulièrement, il transgressait l’ordre maternel. Jusqu’au jour où sa mère, excédée, l’enferma à clé dans sa chambre. Peine perdue ! Elle le retrouva en pleine méditation la même où il ne pouvait pas se trouver. Et l’enfant posément lui assura: “C’est la belle Dame blanche qui a ouvert ma porte”.
La providence des maîtres d’école
Michel a fait ses classes au prix de l’excellence. Les cours se donnaient dans des chapelles, lieux géométriques et sacrés de l’intelligence et de l’esprit. Mais tout de même, et vu son tempérament, nous imaginons bien Michel faire le coup de poing ou le coup de sabot quand les autres se moquaient de lui parce qu’il priait trop et qu’il était toujours le premier.
Il était routard. Il a fallu marcher pour aller à l’école. Toute sa vie il a marché. La marche n’est pas un simple divertissement physique. C’est toujours aller vers quelque chose. Sortir de chez soi. Retrouver les sensations primitives. Michel est un marcheur, et au fil des rencontres, un démarcheur de l’Esprit. Toute sa vie, il ira vers les autres.
Michel a sa mission. A 14 ans, le voici à Ploudaniel, sous la férule du Maître Alain Le Guern. Nous sommes en 1591. La guerre de la Ligue est déjà là. Mais ce qui effraie Michel, c’est surtout l’état d’esprit de la paysannerie. L’ignorance et la dissipation sont partout. Ainsi, n’écoutant que sa virulence, il apostrophe les paroissiens au sortir de la messe, à laquelle une partie d’entre eux assiste quand même. Il les sermonne, les injective, les supplie. Son éloquence n’attire que des rigolades, jurons et menaces. Alors il recommence, encore et encore. Il ferraille ferme, pour finalement, de guerre lasse, abandonner le bourg de Ploudaniel et se réfugier dans la campagne pour se ressourcer.
La campagne, c’est la présence du petit peuple et de la nature. Il vouait à l’un comme à l’autre une dévotion terrestre, miroir exact de sa dévotion céleste.
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