Chapelle de Locmaria
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Office de tourisme du Pays des Abers
Le Pays des Abers va vous étonner sûrement, vous charmer nous l’espérons, vous conquérir sans doute, par la diversité de ses paysages. Une sortie en…À une quinzaine de kilomètres au nord de Brest, et à quatre du bourg de Plabennec, l’imposant clocher de la chapelle de Locmaria-Lann domine la campagne, sur un plateau bordé d’un côté par des rivières alimentant l’Aber-Benoît et de l’autre à trois pas de là par l’Aber-Wrac’h.
L’endroit, peuplé à la préhistoire et à l’époque romaine, a vu se construire au Moyen-Âge une chapelle dédiée à la Vierge Marie. Ce lieu de culte a bénéficié de bons revenus, permettant au XVe siècle de bâtir le clocher, le calvaire aux onze personnages et le maître-autel en kersanton.
À partir du XVIIIe siècle, la chapelle perd son influence passée et dépendra plus étroitement de la paroisse de Plabennec. Vendue comme bien national à la révolution, la chapelle tombe en ruines et est rachetée par la paroisse en 1828, pour être rebâtie 13 ans plus tard.
Le traditionnel pardon y est célébré tous les ans le dernier dimanche du mois d’août.
Locmaria : Zone ancienne d'habitation
Il existe aux abords de Locmaria des indices de présence humaine remontant à la préhistoire: des silex néolithiques, des traces de tumulus.
Sur le site de Locmaria-Lann, au pied du clocher, a été découverte fortuitement, en 1995, une importante quantité de tuiles rouges qui seraient les restes d’une toiture d’une construction gallo-romaine. Des fragments d’amphores et deux pièces de poteries sigillées datées du Ier siècle de notre ère furent également trouvés, signe d’un habitat probable. De ce lieu seraient parties une voie romaine en direction de l’actuel bourg du Drennec et une autre en direction de Plabennec.
Locmaria aurait donc été un lieu habité mais aussi un lieu de passage, voire un carrefour à une époque où l’épaisse forêt de Talamon recouvrait encore une partie du Bas Léon.
Après les Romains, l'arrivée des saints Bretons
Aux VIème et VIIème siècles, pour fuir l’invasion saxonne, les Bretons quittent la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne) par milliers. Selon la légende, ils traversent la Manche sur des barques de pierre et échouent sur les rives de l’Armorique.
Ils s’installent dans la forêt de Talamon, y prêchant la bonne parole, créant paroisses et monastères. Saint-Thénénan fonde la paroisse de Plabennec et celle de la Forêt-Landerneau.
Dans La vie des Saints de la Bretagne, publié en 1636, Albert Le Grand parle de Thudon, chef de clan, Gouesnou et Majan, ses fils, et Tugdona, sa fille. Ils débarquèrent près de Landéda. Le père, Thudon, après avoir donné tous ses biens aux pauvres, a vécu en ermite à Guipavas. Gouesnou vit en anachorète et dresse un oratoire au lieu dit Broennou (Bro Gouesnou). Plus tard, il bâtit la paroisse de Gouesnou, devient évêque du Léon, et décède en 675. Son frère Majan, s’installe à Plouguin (Loc Majan). Sa soeur Tugdona bâtit un oratoire près d’une source à Plabennec (Traon Edern) à l’emplacement d’une construction gallo-romaine. Elle y vit une existence monacale, puis se retire dans un couvent à Saint-Renan.
Ce serait-là, entre histoire et légende, l’origine de Locmaria.
Locmaria au Moyen-Age
Vers le Xème siècle, une première chapelle aurait été construite, sans doute en bois, désaxée par rapport au monument actuel.
“Loc” certifie de plus que l’on est en présence d’une fondation monastique. “Lan” rappellerait que la chapelle a été bâtie près d’un couvent. Il y en aurait eu un dans cette période et jusqu’au XVIème siècle, ainsi que des sépultures de religieuses à l’intérieur et à l’extérieur de la chapelle. On peut y voir une petite pierre tombale brisée en deux morceaux qui en serait une trace.
Tout au long du Moyen-Age, le climat se radoucit, les cultures s’améliorent. L’eau est abondante et les moulins nombreux, un par manoir. Locmaria-Lann se développe, la population prospère dans les villages. A cette époque, la puissance des nombreux seigneur ruraux s’accroît. Au XIème et XIIème siècles, les seigneurs habitent souvent dans leur motte castrale. Il ne reste plus que celle de La Motte, de Lesquelen et quelques traces de celle de Taulé.
Entre le XIème et XIVème siècle, à Locmaria, les fidèles de la chapelle sont très nombreux. Sa fontaine sacrée, ornée d’une statue au visage couvert de larmes, devient un lieu de pèlerinage. Son eau guérit les maux d’entrailles.
Traces d’un couvent à Locmaria: le jardin des demoiselles
Le terrain situé près du chemin menant à l’allée de Ty Bian Ar Rest, serait l’ancien couvent de Locmaria-Lann. Le mur sud contient les mêmes pierres qu’une partie de l’enceinte de la chapelle. Les restes d’une cheminée étaient encore visibles dans ce mur il y a quelques années. Une voisine, Aline Léost, signale une autre cheminée sur un mur aujourd’hui disparu qui séparait le jardin de l’allée. L’agriculteur Roger Léost, lors du labourage du jardin dans le cadre du remembrement des terres, se rappelle avoir extrait des pierres plates, du sol à l’emplacement de ce mur. Les nièces de Tanguy Malmanche, nées à la fin du XIXème siècle, relatait également que, dans ce jardin qu’elles entretenaient alors, se trouvait autrefois l’ancien couvent. Un pignon était encore debout au début du siècle dernier.
Locmaria aux XVème et XVIème siècles
L’église, devenue trop petite au début du XVIème siècle, est rallongée de trois travées, toujours de style gothique, et ornée de vitraux. En 1512, un bel autel en granit de Kersanton ciselé est installé. A la même époque, un enclos est construit, autour du cimetière, ainsi qu’un fournil, une écurie, une étable, un presbytère, contenant plusieurs appartements, avec une charpente en coque de bateau, pour loger le prêtre titulaire. En 1527, est érigé le calvaire monumental.
Au XVIème siècle, la Bretagne est riche et Locmaria-Lann aussi. Elle dispose de rentes importantes: terres, fermes, fondations, prébendes (rente pour avoir le droit de mettre ses armoiries et blasons sur les murs, monuments et vitraux). A Locmaria, les blasons de la famille de Carman furent sculptés dans les murs, le calvaire et apparaissaient sur les vitraux d’origine, de même que les armoiries de la famille de Rohan.
En 1850, on édifie un clocher dans le style de la Renaissance, qui embellit et donne encore plus d’importance et de puissance à Locmaria-Lann.
On y célèbre messes, mariages et enterrements en sa qualité d’église tréviale (succursale d’une église paroissiale). Le lieu possède un cimetière et un bel ossuaire, et de nombreux et précieux objets de culte en argent. Le territoire de Locmaria est alors équivalent au quart de celui de la paroisse de Plabennec. Les registres des mariages et enterrements permettent d’en déterminer l’influence. Locmaria-Lann avec sa richesse et son territoire peut espérer devenir une paroisse.
Fin de l'autonomie de la trève
Avant 1696, comme toutes les paroisses et les trèves, Locmaria-Lann est gérée de façon indépendante par un “général”, “corps politique” formé du curé et des douze hommes élus par les paroissiens.
A partir de 1696, les curés et vicaires vont être remplacés par des chapelains, prêtres aussi, mais desservant habituellement des chapelles privées. C’est la fin du statut de trève. En conséquence, il est désormais interdit aux habitants de Locmaria d’organiser la gestion des biens de leur chapelle par l’élection d’élus au corps politique local.
Depuis 1693, le nouveau recteur de la paroisse de Plabennec a de grands projets pour son église paroissiale du bourg, qu’il veut rebâtir. Les richesses de Locmaria l’intéressent. Il souhaite récupérer les rentes et les titres qui lui sont attachés. Pour cela il envisage de transformer cette trève autonome en simple chapelle dont il aura alors la gestion. On ne sait pas si c’est de sa responsabilité, mais on peut constater que trois ans après son arrivée, Locmaria perd le droit d’avoir un curé attitré, les nouveaux prêtres n’ayant plus que le titre de chapelains.
Les paroissiens de Locmaria ne semblent pas accepter cette évolution et protestent, appuyés par le sieur de Beaudiez. Ceux du bourg par contre, approuvent la démarche. En mars, 1699, ces derniers se réunissent à la grande messe et signent à une cinquantaine un acte notarié où le corps politique du chef lieu “s’oppose formellement aux prétentions de sieur Ronan de Beaudiez, sieur de la Motte, ainsi que celles de messire Nicolas le Roux, recteur de la paroisse de Loprévalaire … prétendant ériger la chapelle de Locmaria La Lande en gouvernement.“
Nouvelles protestations de Locmaria, en 1733
Le conflit redevient évident en 1733, le corps politique de Locmaria et les tréviens défendent leur cause en rappelant que “Locmaria possède une église qui existe depuis plus de cinq siècles, avec la possession de tous les usages de la trève, en laquelle il y a messe matinale, grand’messe, vêpres tous les dimanches et fêtes, processions, croix, bannières, cimetières, sacristie, archives en un coffre fort à trois clefs, en lequel il y a maison curiale (presbytère)“.
Le déclenchement est dû à la promotion de Eozen Cornec comme nouveau recteur de la paroisse, après y avoir été vicaire pendant vingt ans. Les habitants de Locmaria accusent le sieur Cornec, qui est appuyé par “un nombre de prêtres, tous originaires, comme ce recteur, de la même paroisse, de vouloir s’acquérir une autorité despotique, dans le temporel comme dans le spirituel“.
Les tréviens de Locmaria ne semblent plus contrôler l’ensemble des rentes de leur églises “où à peine faisait-on les réparations“, alors que le recteur Noël Léon a fait construire, en 1720, “l’église paroissiale et deux presbytères“.
En réalité, leur démarche est un peu tardive. Ils réalisent que, leur trève, l’ancien recteur Noël Léon “avait commencer à la dépouiller, en l’année 1702, sous le prétexte d’emprunt des deniers de l’église“. Puis en 1715, il a fait dissoudre le corps politique de Locmaria, créant un corps politique unique pour la paroisse, où il omet d’intégrer des paroissiens de Locmaria, qui est constitué, selon ces derniers, que de membres de sa famille et de personnes proches. Le recteur de Plabennec, considère que cette trève bénéficie d’un passé un peu trop brillant et de trop de considération.
En 1736, le différend est tranché par la cour royale, qui reconnaît que le tréviens de Locmaria ont bien le droit de s’assembler en corps politique et d’administrer leurs biens “avec défense au sieur recteur de les troubler“. Mais ce jugement ne semble pas avoir été respecté par le recteur, et est resté sans grand effet jusqu’à la Révolution.
Vers la suppression des offices religieux (suppression de la grand'messe en 1766)
Lorsque le recteur Le Bras prend la direction de la paroisse, il fait supprimer la grand’messe à Locmaria, ne gardant que celles de 7 heures et de 8 heures. Les paroissiens locaux écrivent à l’évêque de reculer l’heure de cette seconde messe, afin de permettre aux habitants de pouvoir faire le trajet de leur domicile entre les deux offices, pour que leur maison ne reste pas sans garde, sans surveillance. Ils demandent aussi que soient réinstaurées les bénédictions et les processions récemment supprimées.
La réponse du recteur de Plabennec est claire, il veut tout centraliser au bourg, sous son contrôle. “Convient-il que le peuple s’exempte de la messe paroissiale ?“, écrit-il à l’évêque. “Que feraient les jeunes après cette prétendue grand’messe qui finirait à 9 heures ? Que deviendraient-ils puisque les vêpres ne recommenceraient qu’à 4 heures. Ne sachant s’occuper du Bien, ils se livreraient nécessairement au Mal“.
L’assistance devient moindre à la messe de Locmaria. Plabennec prend de l’importance, étape entre les villes de Brest et Lesneven, sur la nouvelle route royale, route qui draine aussi les habitants de Pentreff et du voisinage vers le bourg, profitant d’une voie en bon état, alors que celles de la campagne sont souvent impraticables, pleines d’ornières boueuses dès qu’il pleut.
Après la tourmente révolutionnaire
La chapelle de Locmaria, comme celle de Lesquelen ou du Folgoët, ont alors été vendues comme bien national. Celle de Locmaria devient propriété du citoyen brestois Jérôme Berthomme. Il acquiert la chapelle et son cimetière pour la somme de 4 000 francs. A l’époque, la chapelle fait 86 pied de long, 30 de large et 12 de hauteur. Tous les vitraux sont brisés. Contre le clocher, il y a une petite tourelle avec une horloge en mauvais état.
La famille Berthomme revend rapidement la chapelle et le cimetière à la fabrique (ancêtre du conseil paroissial) de Plabennec pour 761,75 francs. La vente est faite le 2 août 1828.
A l’issue de la Révolution, la chapelle est en mauvais état. En 1830, sont réalisés quelques menus travaux. Elle a perdu sa qualité de trève et ses fidèles la délaissent.
La chapelle n’est rénovée qu’en 1841 comme en témoigne l’inscription au mur de l’édifice : “Monsieur Le Bars curé, 1841, J-L Chopin, maire, F-M. Abiven, trésorier.” Malgré cette restauration, l’intérêt pour le lieu ne revient pas. Seul le pardon continue à être célébrer tous les ans, le dernier dimanche du mois d’août. “Le pardon de Loc Maria-Lann, écrit le recteur Quéinnec en 1856, se célèbre le dernier dimanche d’août. On y va processionnellement de l’église paroissiale et on y revient de même à l’issue des vêpres. Le nombre de pèlerins est aujourd’hui fort petit et elle n’est guère visitée que par les fidèles de la paroisse. On peut y attribuer la cause en partie au long abandon dont elle a fait l’objet.”
Devenue propriété communale au début du XXème siècle suite aux lois de séparation des Eglises et de l’Etat, ce lieu de culte retrouve tous les ans un regain de vie à l’occasion du pardon. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les gens y viennent du bourg en procession matinale avec croix, bannières et reliques. Une messe est dite, les cantiques chantés en breton. A l’heure du repas, les participants partent déjeuner chez des parents qui habitent le quartier de Locmaria ou à proximité. Pour ceux qui n’ont pas de famille pour les recevoir, un ragoût est servi sur place.
L’après-midi, les vêpres ont lieu, avant qu’une nouvelle procession soit organisée autour du manoir du Rest. La journée se termine par quelques réjouissances: les hommes boivent en plein air et jouent aux quilles. Les femmes quant à elles se regroupent autour de la boutique de l’épicier qui a fait spécialement le déplacement, pour y vendre les premiers raisins, bonbons et surprises pour les enfants. Pour l’occasion, le costume est de mise et les femmes portent la coiffe de la région.
La restauration de 1841
Au fil des âges, le site de Locmaria a connu des transformations dont certaines ont laissé des traces. Ainsi de l’ossuaire d’attache disparu, demeurent contre le mur ouest de la tour, un larmier et des grosses pierres de liaison.
La restauration de 1841, qui a privé l’édifice de sa travée occidentale a déplacé la sacristie du sud sur l’est, avec pour conséquence la suppression de la grande baie du chevet. Les murs ont été reconstruits en moellons. Sur les neuf fenêtres, deux sur la façade nord ont néanmoins gardé leurs meneaux d’origine. Si la restauration de 1841 a conservé les crochets des versants du pignon occidental, elle n’en a pas refait de neufs au pignon du chevet.
Trois arcs, côté nord, portent à leur pointe ou au-dessus des écus armoriés. La “fasce”, de la troisième travée, appartient aux Lescoët qui ont un temps, eux aussi, possédé le manoir voisin du Rest. Un second écu quasi indéchiffrable marque la quatrième travée. Le cinquième arc, en revanche, présente intact l’écu des Carman.
Deux enfeus subsistent intégrés dans les murs nord et sud au niveau de la quatrième travée. Par ailleurs, une loge carrée dont on ne connaît pas la destination, traverse le mur de la deuxième pile du côté nord, un dispositif qui se voit dans de rares édifices.
Le clocher-porche
La tour de Locmaria fait partie de la catégorie des clochers-porches établis sur le côté sud de l’édifice, une formule qui loin d’être unique dans la région se voit entre autres à Goulven, à Pleyben et à Saint Thégonnec. Le porche sous la tour de Locmaria est voûté sur ogive, avec des voûtains recouverts de ciment. La clé de voûte est timbrée d’un écusson à contours orné d’un calice, avec les initiales I. D. et la date 1850. Il s’agit de l’emblème de Jean David, un chanoine du Folgoët, dont on sait qu’il fut présent à Locmaria de 1570 à 1588 (Bulletin diocésain d’histoire et d’archéologie, 1938, p.197).
Au-dessus du tympan intérieur du porche, le Christ en majesté règne sur dix niches latérales, un nombre insuffisant pour qu’on puisse y organiser le cortège complet des apôtres. Désormais vides, la tradition rapporte qu’elles étaient naguère occupées par dix statues de femmes, celles mêmes qui sont aujourd’hui à l’intérieur de l’édifice. Le bassin d’un bénitier simple à souhait, s’intègre dans le mur jusqu’à en traverser la paroi. Cette disposition très originale le fait communiquer avec un second bénitier accessible de l’intérieur même de l’église. Une curiosité à signaler sans préjuger qu’un tel système double n’existe pas ailleurs.
Les claveaux et le bandeau de la face extérieure du porche sont assortis d’un picotage typique en vogue dans l’architecture classique. Sous un dais de granite à grosses perles sourit une gracieuse Vierge à l’enfant en pierre de Kersanton qui garde des traces d’ocre rouge, due au ciseau de Roland Doré, datée des années 1630.
De chaque côté de l’entrée s’encastrent dans les contreforts quatre éléments insolites en pierre de Kersanton qui proviennent peut-être de l’ossuaire disparu. Ce sont des dais à fleurons demi-circulaires. Les flancs intérieurs des contreforts portent deux autres dais à grosses volutes feuillagées, l’un d’eux agrémenté d’entrelacs. La construction de la tour est d’architecture soignée.
Au-dessus du niveau du porche, s’accroche une loggia à balustrade destinée à la prédication et à la bénédiction des foules que l’intérieur du vaisseau était incapable de contenir les jours d’affluence. La base de la flèche pyramidale a ses arêtes lisses. Des fenestrons latéraux sommés de frontons triangulaires, l’agrémentent. Le tout est cantonné d’élégantes tourelles originales.
La grande rénovation de 1841, a doté la tour d’une cloche de 0,73 m de diamètre. La pointe de la flèche est couronnée d’un paratonnerre à huit piques surmonté d’une croix de fer mutilée. Le coq, désormais rangé dans la chapelle, porte la marque de la réparation faite en 1930 par Louis Gourvennec de Plabennec, comme l’indique l’inscription tracée à petits points. Les gens du voisinage rapportent que, encore en place au sommet de la tour, le coq avait servi de cible aux soldats de l’armée d’occupation cantonnés au manoir voisin au cours de la dernière guerre 1939-1945.
Les vitraux
Notons tout d’abord que les baies de la chapelle sont sans remplage, sans meneaux de pierre sauf une au nord la plus ancienne à gauche du chœur, et une seconde à l’autre bout, elle aussi côté nord.
Les vitraux actuels qui garnissent les dix baies de la chapelle sont sortis de deux ateliers. Jean-Pierre Le Bihan entreprend le travail dans les années 1990, chevet et baies du sud. Charles Robert de Plomelin, achève la vitrerie en 2007, s’attaquant au côté nord.
- La pietà à quatre personnages (au chevet)
- La donatrice
- Le donateur
- Saint-Pierre et saint Paul
- Saint Yves entre le Riche et le Pauvre
- Annonciation
- Visitation
- Nativité
- Présentation au Temple
- Jésus au milieu des docteurs
Le maître-autel
Le maître-autel se compose de deux parties qui sont distinctes à la fois par le matériau, et par l’époque où elles ont été composées.
L’autel
Le coffre en pierre de kersanton, relève du style gothique flamboyant. La large table est soulignée sur sa longueur par une grasse frise végétale, à la tige et aux feuilles refouillées, librement inspirée du panicaut des champs, plus connus sous le nom de chardon. Le sculpteur médiéval a inclus dans le déroulement de sa frise des des fantaisies grossières. Elles se trouvent sur les côtés peu visibles de la table d’autel. Le devant du coffre se divise en huit niches. Successions d’accolades, de redents, de pinacles fleuris et de choux frisés. Six de ses niches ont le fond uni sans aucun ornement. Les deux du centre sont occupées par un couple d’anges qui ont chacun une banderole aux caractères gothiques fort exactement ciselés. Sur l’une de ses banderoles, apparaît la date de 1512. C’est la plus ancienne qui ait été relevée sur le site de Locmaria. Elle annonce une activité qui s’échelonnera tout au long du XVIème siècle avec, en 1527, l’érection du calvaire, en 1580, la construction de la tour.
Le retable
Au-dessus de la table de l’autel, le retable, en bois polychrome, est bien plus récent. Il porte en lettre cursives, à gauche du tabernacle, non pas le nom du prêtre desservant la chapelle, mais celui du recteur de Plabennec, le chef-lieu de la paroisse, dont dépend Locmaria qui n’a que le statut de trève. On est au temps où le responsable de la paroisse mère affirme son autorité sur la trève. Il s’écoulera trois ans entre la sculpture et la peinture car à l’époque, le crédit n’existant pas, les travaux suivaient les rentrées d’argent. La riche ornementation du retable témoigne du savoir-faire des sculpteurs qui l’ont produit. Les degrés richement ornés, de chaque côté du tabernacle, dont la porte est ornée d’un ostensoir, s’égayent de coquilles Saint-Jacques, de cornes d’abondance, de rinceaux fleuris, d’aigles encadrés de chérubins. Le sommet du retable portait une niche désormais déplacée. Elle était destinée aux expositions du Très Saint-Sacrement.
La statue de Notre-Dame de Locmaria
A gauche du maître-autel, appuyée à l’arc de décharge de la porte de la sacristie, trône la Vierge Marie, maîtresse du lieu. La place qu’elle occupe est celle qui est traditionnellement réservée à l’image du titulaire dans les édifices religieux de structure modeste, chapelles ou églises paroissiales. Belle statue de bois, dont la polychromie a été récemment rafraîchie, la Vierge est debout sur le croissant de lune qu’évoque le texte de l’Apocalypse. Elle foule un être hybride, une femme à queue de serpent qui rappelle le tentateur de la Genèse par Dieu maudit en ces termes: “Sa postérité te meurtrira à la tête et tu la meurtrira au talon” (Genèse 3, 15). L’objet que la Vierge tenait en main droite est brisé.
La statue de saint Joseph
Faisant pendant à celle de la Vierge, la seconde statue du chœur fait problème. Elle est attribuée à saint Joseph selon le Nouveau répertoire des églises et chapelles, diocèse de Quimper et de Léon. Pieds nus et tunique blanche, manteau vert, main droite à la poitrine. On pourrait croire que le personnage tient en main gauche le bas de la tige d’un lis, attribut classique de l’époux de la Vierge. Il s’agit plus prosaïquement de son petit doigt qui, cassé, a été glissé là en attendant d’être réparé.
Les autels latéraux
Les côtés nord et sud du chevet accueille des autels en bois, modestes coffres tombeaux peints en faux marbre. Le premier s’orne d’un coeur percé d’un glaive, le second du monogramme M A (Maria). La statue placée sur l’autel nord provient de la fontaine disparu de Traon-Edern. Belle sculpture en pierre de kersanton, dont l’identification est incertaine, elle représente une sainte femme au grand voile, mains jointes légèrement déportées sur la droite, trois larmes en relief coulant sur chaque joue.
Le tabernacle de l’autel sud sert de socle à une statue ancienne de Sainte Anne. Assise sur un coussin à gland, son large voile de tête revient sur les genoux en belles courbes symétriques. La main droite tendue témoigne que l’aïeule était primitivement accompagnée de Marie, sa fille, une statuette qui a disparu.
Le cortège des Sibylles
Accrochées aux murs latéraux de la chapelle et dans la nef, s’alignent douze statues de femmes, bois teinté chêne foncé, polychrome à l’origine, dont certaines proviennent des niches du porches. L’identification de ses douze femmes reste délicate. On ne peut néanmoins pas les qualifier de “saintes”, saintes locales ou saintes reconnues par l’Eglise universelle. Quelques indices conduisent à y voir des Sibylles. L’hypothèse se tire de la comparaison avec des représentations qui ne laissent aucun doute. Les Sibylles sont des de mystérieuses prophétesses qui, avant l’ère chrétienne auraient prédit les évènements de la vie du Christ et que l’époque de la Renaissance a mis à la mode dans l’iconographie des religieuses occidentales. Le nom de chacune d’entre elles évoque une région ou une ville du bassin méditerranéen, centre de la civilisation gréco-latine.
La liste des Sibylles de Locmaria ne peut être qu’aléatoire étant donné que leur auteur n’avait qu’une information limitée des attributs par lesquels on distingue ces étranges personnages.
Le calvaire de 1527
Le calvaire de Locmaria-Lan mérite d’être plus connu qu’il ne l’est, non seulement pour ses qualités esthétiques mais parce qu’il est lié à l’histoire de la région. Débordant le cadre de la piété pure, le monument de 1527 n’est, en effet, pas sans rapport avec une seigneurie qui s’impose de plus en plus dans le léon.
En pierre de kersanton, le calvaire se dresse sur l’entrée principale de l’enclos côté sud. Se dresse un fût unique composant avec l’entrée elle-même, un monument complexe. Placé sur un seuil, il s’oriente pour accueillir le pèlerin. Se détachent sur le socle, trois emblèmes de métiers: marteau, fer à cheval et tenailles. Le support de la statue est sculpté d’un blason muet destiné à être peint.
Le calvaire a connu de sérieuse dégradations. Sans savoir plus de détail sur la date à laquelle, au cours du XXème siècle, a été faite la restauration, on est en présence d’un travail bien mené.
Les armoiries des Carman
Les écus ne manquent pas sur le calvaire de Locmaria-Lan. Huit en tout. Cinq totalement lisses, destinés à être peints et trois qui ont gardé la fraîcheur des reliefs originels. Deux de ces dernier sont au centre du croisillon du haut. Sur la face, les armoiries des Carman. Ces armoiries sont identiques à celles qui ont été signalées à la pointe de l’arc de la cinquième travée de la nef.
Ces armoiries des Carman sont dessinées avec les alliances de huit autres familles dans le dessin du vitrail. Ces emblèmes qui relèvent de seigneuries locales, si importantes fussent-elles, ont été supplantés sur le calvaire lui-même par ceux d’une famille qui affirme sur toute autre sa supériorité, ici comme en bien d’autres lieux: les Rohan.
L’écu des Rohan
Ainsi, s’affiche au sommet de la croix, surmontant le titulus consacré à Jésus-Christ, l’I N R I, gravé en élégantes capitales échancrées, “caractères philocaliens” un grand panneau carré portant les neuf macles des Rohan. L’assurance qui s’affiche à Locmaria s’explique. Erigé l’année même de la mort de Jacques de Rohan, ce pourrait être une sorte de mémorial.
Source
“Locmaria Plabennec, Histoire d’une chapelle” association Mignoned Locmaria, 2012
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