Manoir du Breignou (propriété privée)

Le Breignou - Situer

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Office de tourisme du Pays des Abers
Le Pays des Abers va vous étonner sûrement, vous charmer nous l’espérons, vous conquérir sans doute, par la diversité de ses paysages. Une sortie en…

Avant que fut édifié le manoir actuel en 1864, existait un château fort, le “Castel-Gleb” (le château mouillé). Construit à proximité de la récente demeure, le “Castel-Gleb”, situé au milieu de 50 hectares d’eau, d’où son nom, aurait vu le jour au XVe siècle. Il aurait été bâti par la famille de Langoueznou.

D’un point de vue stratégique, ce château est très bien situé. L’eau qui l’entourait faisait de lui une place forte imprenable. Alors que le vieux château avait très certainement disparu au XIXe siècle, Fréminville, auteur des Antiquités du Finistère, laissa derrière lui dans l’un de ses albums que possédait M. Chabal, un architecte brestois, une description, ainsi qu’un croquis de ce fameux “Castel-Gleb” : “c’était  un solide corps de logis du XVe siècle, restauré au XVIIe siècle. Deux grosses tours à créneaux* et mâchicoulis* en flanquaient le portail, et une galerie de défense courait sur les murailles de la maison, se terminant, à l’angle de la façade que fait voir le dessin, par une échauguette* carrée en encorbellement*”.

L'ancien château du Breignou d'après le croquis de Fréminville

L’ancien château du Breignou d’après le croquis de Fréminville – Collection François Trébaol

Un pont-levis protégeait l’entrée de la forteresse. Ce pont-levis avait été construit au début du XVIe siècle après qu’un descendant d’Yvon de Saint-Gouesnou, Jean de Langoueznou, seigneur du Breignou, en eut obtenu l’autorisation par mandatement de Jean, vicomte de Léon et de Rohan. A l’extérieur, un vieux pont, doté de 4 tours de surveillance dont deux subsistent plus ou moins aujourd’hui, permettait de pénétrer dans l’enceinte fortifiée.

Dans le château, un prêtre, Jean Le Daré, avait fondé une chapelle où l’on desservait une chapellenie*, dite de Saint-Julitte ; les premiers propriétaires du Breignou et ensuite les recteurs de Plouvien en furent les présentateurs*.

Comme le suggère le nom d’une parcelle “Parc ar c’houldry” (le champ des pigeons), les seigneurs du Breignou possédaient vraisemblablement un pigeonnier à proximité du château.

Vers 1568, Marie de Saint-Goueznou, dame du Breignou, épousa Charles de Pleouc, seigneur du Tymeur et lui apporta en guise de dot le château., C’est ainsi que la famille de Ploeuc, dont Vincent de Ploueuc s’illstrera un peu plus tard lors des guerres de la Ligue, devint les nouveaux propriétaires du château du Breignou.

En 1663, c’est-à-dire 85 ans après en être devenus les seigneurs, les de Ploeuc offrirent le château en guise de dot à la famille de Kerlec’h lorsque Marie de Ploeuc de Kerc’haro épousa Claude Kerlec’h de Langalla.

Ce n’est qu’une vingtaine d’années plus tard que le Breignou passa dans les mains de la famille Thépault. Ainsi, à la fin du XVIIe siècle, Maurice Thépault de Treffaléguen acheta le château du Breignou. Ce dernier était un vieux magistrat morlaisien très riche. Marié à Péronelle de la Bourdonnaye, il eut 7 enfants grâce à la correspondance desquels les historiens ont pu appréhender les rapports qu’entretenait cette famille avec le château. Ainsi, Maurice Thépault et son épouse ne résidaient pas en permanence au Breignou. D’ailleurs, il semble que seule la mère y séjournait de temps en temps.

Du temps de la famille Thépault, le “Castel-Gleb” fut remanié. Louis Le Guennec, ancien conservateur de la bibliothèque de Quimper, écrivit d’ailleurs au sujet de ces transformations :

“La famille Thépault remania dans le goût du grand siècle cette masse féodale, agrémentant les toitures de lucarnes de pierre à fronton courbe, supprimant le pont-levis, trouant de larges baies les murailles noircies par l’humidité… ce ne devait pas être cependant une très plaisante résidence, et l’on conçoit que le jeune abbé de Tréffaléguen, chanoine de Léon, qui s’y était retiré en 1717 pour soigner ses poumons avariés au moyen d’un bouillon bizarre où il entrait “du dedans de veau”, de la pulmonaire, des jujubes, des navets, “un peu de raisin et des cancres”, du lait de vache bouilli et douze limaces échaudées en guise de dessert, y ait de surcroît contracté une incurable “mélancolie” qui l’envoya bientôt rejoindre ses ancêtres”.

Concernant le pont-levis, il faut savoir que sa suppression avait été exigée par le roi Louis XIII qui voyait en le château du Breignou une place imprenable au cas où ses propriétaires venaient à se rebeller contre son pouvoir. Par la suite, ce pont-levis fut remplacé sous le règne de Louis XIV par le pont que l’on peut toujours vor actuellement.

La famille Thépault resta propriétaire du château au moins jusqu’à la Révolution. En effet, au moment où elle se déclara, le “Castel-Gleb” appartenait à Messire Hervé-Gouesnou Thépault, époux de dame Clothilde Baude. Claude Chapalain, qui deviendra un martyr lors de la Révolution, devait être locataire de ce Messire Hervé-Gouesnou Thépault car la métairie de Coatanéa ainsi que Coatanéa Bihan appartenaient à ce même seigneur du Breignou. D’ailleurs, Claude Chapalain assista le 13 septembre 1778 au baptême d’une des filles d’Hervé Thépault, prénommée Reine-Joséphine car on retrouve sa signature, à laquelle est ajoutée la mention “sous-diacre” dans l’acte de baptême.

  • *Créneau : ouverture pratiquée à intervalles réguliers au sommet d’un rempart, d’une tour et qui servait à la défense.
  • *Chapellenie : Chapelle, bénéfice d’un chapelain
  • *Echauguette : guérite en pierre, placée en encorbellement aux angles des châteaux forts, des bastions, pour surveiller les abords.
  • *Encorbellement : position d’une construction (balcon, corniche, tourelle) en saillie sur un mur, soutenu par des corbeaux.
  • *Mâchicoulis : construction en saillie au sommet des murailles ou des tours d’une fortification, percée d’ouvertures à sa partie inférieure pour observer l’ennemi ou laisser tomber sur lui des projectiles et des matières incendiaires.
  • *Présentateur : personne qui représentait quelqu’un à un bénéfice ecclésiastique

La Révolution

Ce n’est qu’à la fin de la Terreur et sous le Directoire que le château du Breignou fit parler de lui.

Dès le début de la Révolution, le château du Breignou et ses terres furent abandonnés par les propriétaires de l’époque, la famille Thépault, partie émigrer à l’étranger. Au cours des premières années de la Révolution, il semble que le château restât inhabité.

Curieusement, dans les innombrables listes de réquisition dressées par le régime révolutionnaire et auxquelles les habitants de Bourg-Blanc étaient soumsi à tour de rôle, tous les quartiers sont mentionnés, à l’exception d’un seul, le Breignou. Aussi, dans ces documents, il était uniquement question, d’une part, du Breignou-Coz et de ses tenanciers qui étaient à l’époque Jean Le Venneugueus et François Refloc’h et d’autre part, du moulin du Breignou, tenu par François Quivouron.

Cependant, la commune se préoccupait tout de même de ce domaine du Breignou puisque dans les cahiers de délibération de l’assemblée municipale, à la date du 8 juin 1794 (20 prairial an II de la République), nous pouvons lire :

Ce même jour nous avons procédé à la vente des trèfles existants dans un champ dépendant de la maison de l’émigré du Breignou, lesquels ont été adjugés au citoyen Jean Floc’h, demeurant au bourg, comme plus offrant et dernier enchérisseur pour la somme de 156 livres payables en 2 termes égaux. Ledit Floc’h, adjudicataire, a présenté pour caution la personne du citoyen François Quivouron, meunier du moulin du Breignou, que nous avons acceptée”.

Par la suite, le 7 août 1794 (20 thermidor an II), nous apprenons toujours dans ces mêmes cahiers de délibérations de l’assemblée municipale que les biens de la famille Thépault avaient été confiés à la garde d’un fermier voisin du Breignou du nom d’Omnès. Or, il sembla que ce dernier n’ayant pas donné satisfaction, l’administration du district de Brest dont dépendait Bourg-Blanc, intervint directement dans cette affaire. Ainsi, elle adressa, le 17 thermidor an II, un courrier à la commune dans lequel elle ordonnait “d’établir le citoyen François Quivouron, meunier du moulin du Breignou, “gardiataire” des maisons, jardins, bois et autres propriétés dépendant de la dite maison du Breignou, située en votre commune, en lei et place du citoyen Omnès, gardien actuel. Considérant que ces différents objets exigent une surveillance exacte, nous avons arrêté d’établir et avons établi gardien desdits héritages ledit François Quivouron, qui s’est proposé en cette qualité à l’administration du district, lrosqu’il en sera requis de 4 draps et 2 couvertures de lit existant dans la chambre des garçons (il s’agit sans doute des domestiques), y délaissés d’après la vente des meubles qui a eu lieu dans ladite maison du Breignou et ce pour le logement du gardien”. Grâce à cette lettre, vous savez désormais qu’en cette année 1794, seuls les meubles du château du Breignou avaient été vendus comme biens nationaux.

L'actuel manoir du Breignou

L’actuel manoir du Breignou n’a rien à voir avec l’ancienne forteresse médiévale. En effet, cette demeure, construite par M. de Riverieux, ne date que 1864, le “Castel-Gleb” ayant été démoli au cours de la période post-révolutionnaire et, ses pierres, vendues sous la Restauration, pour réparer les fortifications de Brest.

En 1926, le manoir appartient à la famille de Kergariou. Aujourd’hui, au cours d’une promenade, si vous êtes invités par Mme de Kergariou à pénétrer dans le parc, vous découvrirez alors la grande bâtisse “dressée en pleine campagne et à l’écart des axes de grande circulation, bien abritée par des rideaux boisés, retrouvant, grâce à l’étang qui l’entoure, un peu du site ancien. De hauts murs construits sur de très anciennes fondations soulignent le tracé des anciens aménagements et une vaste pelouse mène au pont à trois arches (seul vestige de l’ancienne forteresse) jeté par-dessus les douves vers la motte où se dressait le donjon fortifié. On aperçoit encore les vastes murs d’enceinte sur les faces nord et ouest. Les bâtiments d’exploitation ont été adossés au XIXe siècle à la face sud. A l’entrée, une pierre armoriée provenant de l’ancien portail rappelle les alliances des premiers propriétaires à savoir Kergorlay, du Chastel, et de Ploeuc”. (Passage écrit par M. Bertrand de Kergariou, ancien maire de Bourg-Blanc, pour présenter sa propriété.

Tiré de “Il était une fois Bourg-Blanc“, par Aurélie Alliard-Bescond

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